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Des maraudes à l’ombre des illuminations
Catégories : Société, Solidarité Date : mardi 20 décembre 2022Il fait très froid, et alors ? Les maraudes quotidiennes menées par le Samu social auprès des sans-abri ne connaissent pas les saisons, même si en période hivernale les places de mise à l’abri ont été montées à 309 dans la Vienne.
« Comment ça va ? » A la question, la réponse est presque toujours la même. « Ça va. » Pas de doléances. Il fait froid, très froid même dans la rue en cet après-midi de mi-décembre. Pourtant, les salariés de la Croix-Rouge -ce jour-là il n’y a pas de bénévoles- sont accueillis avec le sourire, qu’ils maraudent rue du Marché, en centre-ville de Poitiers, ou au pied de l’immeuble qui abrite le Centre d’hébergement d’urgence sociale (Chus), aux Couronneries. « Les personnes sont en confiance avec le Samu social, même s’ils ne connaissent pas les visages », remarque Samantha. Les vestes orange sont identifiables et identifiées. Tous les jours, le camion de la Croix-Rouge sillonne les rues et parkings découverts, tantôt de 13h à 17h, tantôt de nuit, de 17h à plus de 23h, et les rencontres sont toutes consignées.
« Sauf si on a un signalement ou un appel du 115, on n’a pas de circuit prédéfini, on tourne dans Poitiers », note Marine. Place Charles-de-Gaulle, parking Carnot ou à la gare, mais aussi dans Châtellerault le mercredi et, si besoin, sous 48 heures, sur l’ensemble de la Vienne. D’expérience, en ville, les salariés savent où trouver les sans-abri, ou bien ceux qui en ont un. Mais « ce n’est pas parce que tu as un toit que tu n’es pas en galère », lâche Stéphane. Un café ? Non, « par contre à manger… »
La halte de répit 7j/7
« On s’adapte aux besoins mais normalement, en journée, on ne distribue pas d’alimentaire, juste des boissons chaudes, explique Marine. On prend plus le temps de discuter avec les personnes, de leur demander si leur situation administrative est à jour, d’aller à la rencontre de celles qui ne font pas spontanément appel au 115. » Ou qui n’osent pas pousser des portes qui paraissent déjà trop institutionnelles. Bertrand, conseiller à la Mission locale, fait des maraudes avec la Croix-Rouge depuis quelque temps déjà. « Cela permet d’être auprès des gens, de continuer à discuter, à se regarder dans les yeux. »
Dans la Vienne, la population de sans-abri est « fluctuante », souligne Agnès Mottet, directrice départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (Ddets). « Depuis le début de l’hiver, on est passé de 217 places de mise à l’abri à 309 (ndlr, Chus, Auberge de jeunesse, hôtels…), et nous avons mobilisé de nouveaux hôteliers. » Le plan grand froid est encore au chaud dans les cartons. Néanmoins, la réouverture de la halte de répit portée par l’Etat et la Croix-Rouge est prévue ce mercredi, dans le gymnase Joël-Potreau mis à disposition par la Ville. « Elle va ouvrir 7j/7, avec un point de distribution alimentaire organisé par le Secours populaire, précise Agnès Mottet. La stratégie de mise à l’abri permet jusqu’à présent une situation maîtrisée, mais elle reste fragile. » Elle nécessite une agilité quotidienne du Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO), l’opérateur de l’Etat en charge notamment du 115 et des maraudes. « Lundi (ndlr, le 12 décembre), nous avons reçu 125 appels au 115. Ce jour nous sert de thermomètre pour savoir quelle est la tension sur la demande pour la semaine, note Thierry Mora-Briantais, le directeur du SIAO. A l’heure actuelle, nous sommes vigilants mais pas inquiets. »
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