mardi 24 décembre
Depuis plus de deux semaines, les étudiants de l’Eesi Poitiers occupent leur école, en soutien au corps enseignant. Plusieurs postes sont menacés de suppression, en raison de coupes budgétaires. Ce n’est peut-être que le début du mouvement…
La rumeur de CDD non reconduits courait depuis la rentrée. Puis le couperet est tombé il y a quelques jours. A l’Ecole européenne supérieure de l’image (Eesi), des postes d’enseignants seront prochainement supprimés et des départs à la retraite non remplacés. Pourquoi ? La direction évoque une projection budgétaire pour 2026 qui ne lui laisse pas d’autre choix, la masse salariale représentant la majorité du budget des sites poitevin et angoumoisin de l’établissement public. « Il n’y a pas eu de hausse du budget depuis douze ans, on n’est pas naïf », soupire Xavier Zimmerman, enseignant en photographie.
Huit postes sont menacés, alors qu’un premier plan de réorientation budgétaire, en 2020, a déjà contraint le site de Poitiers à se séparer de deux enseignants. Lui faisant perdre par ailleurs la mention de spécialité « image animée ». La même année, le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur a pourtant préconisé le renforcement des équipes pédagogiques à l’Eesi Poitiers… « Il est impensable de nous restreindre en professeurs, tempête Sophie, en 5e année du diplôme national d’expression plastique. Quand on perd un enseignement en école d’art, on perd en interdisciplinarité. »
« Ecoles d’art en danger »
En soutien au corps enseignant, les étudiants de l’Eesi Poitiers se relaient depuis déjà deux semaines pour occuper jour et nuit le bâtiment de la rue Jean-Alexandre. « On voulait se mobiliser, sans que ça retombe sur les professeurs. Tous les étudiants ne vont donc pas en cours », explique Sophie, qui doit pourtant rédiger son mémoire de fin de cycle. Conviés aux assemblées générales organisées quotidiennement par les étudiants, les enseignants de l’Eesi ont fait grève jeudi dernier. Ils pointent du doigt le « manque de transparence » de leur direction et une prise de décision sans considération pour l’enseignement. « Ils ne voient que des chiffres, il n’y a pas de projet pédagogique, déplore Xavier Zimmerman. Si mon assistante s’en va, c’est simple, je ne peux plus enseigner ! »
L’annonce des coupes budgétaires a été d’autant plus mal accueillie par les professeurs qu’un nouveau bâtiment est actuellement en construction aux Couronneries, plus adapté que l’actuel aux pratiques artistiques. Son coût s’élève à plusieurs millions d’euros. « C’est schizophrénique », se désole Xavier Zimmerman. Les enseignants n’excluent pas de faire grève à nouveau, en début d’année prochaine. Les élèves, eux, entendent poursuivre leur occupation jusqu’aux vacances, en continuant d’interpeller l’opinion et les élus locaux. Et pourquoi pas de faire tache d’huile dans toute la France. « L’école de Valenciennes va peut-être fermer, celle de Grenoble est en difficulté, Bourges et Bordeaux aussi, énumère Sophie. On leur transmet des kits de mobilisation, on envoie des communiqués au national… C’est l’enseignement artistique qui est danger. »
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