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L’odorat a été particulièrement malmené par le virus du Covid et on commence juste à savoir pourquoi. Plus largement, les mystères de l’olfaction sont petit à petit décryptés depuis trente ans. Professeure en neurosciences, Valérie Coronas lève le voile sur le nez, ce mardi soir, à l'Espace Mendès-France.
Souvenez-vous ! Au début de la crise sanitaire, pour savoir si vous étiez atteint du Covid, on vous demandait si vous aviez perdu le goût et l’odorat. Et c’est vrai que ces symptômes ont très largement été associés à cette pathologie par le corps médical. Progressivement, on s’est rendu compte qu’ils n’étaient pas systématiquement présents chez les patients, et les tests PCR ont pris le relais. Mais pourquoi le virus du Covid a-t-il provoqué ce phénomène chez de nombreux malades ? Ces deux dernières années, des études sont venues améliorer l’état de nos connaissances sur le sujet. « Le virus a affecté l’épithélium olfactif où se situent les neurones sensorielles, explique Valérie Coronas (*), professeure en neurosciences à l’université de Poitiers. Une grande partie de ces neurones ont été détruits mais dans la plupart des cas, ils se sont régénérés en un mois maximum. »
Flaveurs accordées
A ce moment-là du récit, un petit rappel des cours de biologie de collège semble nécessaire. Le système olfactif, comment ça marche ? L’odeur arrive dans le nez. Les molécules qui la composent sont captées par l’épithélium olfactif. L’information est détectée par des neurones sensoriels qui la transforment en message nerveux envoyé ensuite vers une zone spécifique du cerveau appelée le bulbe olfactif. Là, plusieurs chemins s’offrent à lui : l’amygdale, siège des émotions, l’hippocampe, tour de contrôle de la mémoire. Dans le cortex orbito-frontal, le message de l’odeur est associé à celui de la saveur (amer, acide, salé, sucré) pour donner la « flaveur ». Cumulez l’ensemble et vous comprendrez comment sentir un simple fruit rouge en forme de cœur peut vous rappeler le souvenir d’une cueillette de fraises dans la campagne de votre enfance.
En l’occurrence, les neurones olfactifs détruits par le virus du Covid ont heureusement pu être régénérés grâce aux cellules souches présentes dans le nez. C’est leur travail de lutter contre les « agressions » extérieures, même si elles ne sont pas toutes aussi violentes. Ces cellules si précieuses, les quatre cents récepteurs qui permettent d’identifier plusieurs milliers d’odeurs différentes et tous les étonnants pouvoirs du nez sont abordés dans l’exposition « 1,2,3… 5 sens », présentée à l’Espace Mendès-France jusqu’au 19 février. Et décryptés par Valérie Coronas au cours d’une conférence qu’elle donnera ce soir à 20h30.
(*) membre du laboratoire Canaux&Connexines dans les cancers et les cellules souches (UP/CNRS).
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jeudi 21 novembre