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Sans effusion, à travers une histoire d’amour somme toute assez banale, le premier long-métrage d’Héloïse Pelloquet met en avant la liberté qu’a chacun de faire ses propres choix. Et de se laisser embarquer par La Passagère.
Une île, peu importe son nom, un village, son café, ses habitants, ses pêcheurs, ses Monsieur et Madame-tout-le-Monde… Et puis un amour improbable, irrésistible, impérieux, entre Chiara, une quadra impétueuse et lumineuse (Cécile de France), et Maxence, un jeune apprenti-pêcheur, âme romantique enfermée dans un corps adolescent (Félix Lefebvre). Elle est mariée, il est beaucoup plus jeune. Bref, une histoire de couple « mal assorti », une de plus… Sur le papier, le premier long-métrage d’Héloïse Pelloquet ne réinvente pas le genre. Des idylles mettant en scène des femmes plus âgées que leur amant, le cinéma en a déjà filmé quelques-unes. Trop Jeune pour elle (Amy Heckerling), Le Liseur (Stephen Daldry) ou plus récemment Les Jeunes Amants (Carine Tardieu)… La force de La Passagère est ailleurs, dans la manière dont la réalisatrice, qui n’oublie jamais de distribuer quelques rôles à des comédiens non professionnels, fait oublier la caméra, dans sa façon de mélanger l’âpreté du métier de marin-pêcheur et la sensualité de ses personnages.
Sans y paraître, Héloïse Pelloquet s’extrait des injonctions à dire ou à montrer ce qui est bien, mal, beau, autorisé… Elle filme juste la vie, en écartant tout jugement moral et en s’affranchissant d’un message féministe trop évident. La Passagère est un film sur les choix, ceux que chaque personnage est libre ou non de faire, à l’instar du spectateur. Si on peut regretter parfois un déséquilibre dans la longueur des séquences ou une certaine brutalité dans les transitions, le résultat est comme l’air marin qui souffle sur les personnages, secoue les embarcations et fait s’envoler les normes sociales, vivifiant.
Drame, romance, d’Héloïse Pelloquet, avec Cécile de France, Félix Lefebvre, Grégoire Monsaingeon (1h35).
Sortie officielle le 28 décembre.
Héloïse Pelloquet, réalisatrice
« J’avais envie d’un personnage féminin, une femme courageuse, un peu irrévérencieuse, à qui il arrive une histoire d’amour. Et même si le film parle d’adultère, je ne voulais pas que la question morale se pose. Je voulais rester dans la sensualité, la passion, la jouissance. Chiara (Cécile de France) est une femme pleine de vitalité, de malice, qui a le courage de déplaire. Elle a une vraie force morale et physique. Il fallait une actrice qui ait un jeu énergique mais en même temps beaucoup de sensualité, quelqu’un de lumineux. Qu’il soit crédible qu’elle travaille depuis vingt ans sur un bateau de pêche et qu’un jeune homme tombe amoureux d’elle. Pour Maxence (Félix Lefebvre), je cherchais une maturité déroutante, un charme juvénile et un aplomb étonnant pour son âge, un jeune bourgeois avec du charme et une confiance de classe. Et pour Antoine (Grégoire Monsaingeon), je voulais un homme doux, avec une certaine noblesse de caractère. Qu’il soit beau et charismatique aussi. Je ne voulais pas sous-entendre qu’elle agissait par ennui.
Cécile de France, actrice
« J’ai adoré les trois courts-métrages d’Héloïse. Elle a déjà son cinéma, un mélange de naturalisme et de romantisme, avec une vraie belle écriture érotique. Dans ce film, elle offre aux personnages, ce qui est rare, la possibilité de digérer l’histoire, elle leur laisse le temps de la réflexion. Et puis elle a sa façon à elle de filmer et de diriger. Pour ce qui est de mon personnage, Chiara, c’est une héroïne qui écoute son cœur. Lors des projections en avant-première, des femmes me remercient de leur offrir un modèle d’émancipation qui écoute son être profond en s’affranchissant des règles imposées par la société bien-pensante. Plus généralement les spectateurs ressentent la joie qu’il y a dans ce film, et qui nous a tous traversés pendant le tournage. »
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