Aujourd'hui
La réalisatrice et comédienne Noémie Lvovsky est venue présenter son dernier long-métrage lors du 45e Poitiers Film Festival, un peu plus de trente ans après y avoir été en sélection. Un parcours inspirant pour les cinéastes candidats.
Elle avait oublié. En 1990, Noémie Lvovsky voyait l’un de ses premiers courts-métrages, Dis-moi oui dis-moi non, sélectionné aux Rencontres Henri-Langlois, le précédent nom du Poitiers Film Festival dont c’était la première édition… à Poitiers. « Je suis ravie que vous me le rappeliez, insiste la réalisatrice de 57 ans. Je me souviens en revanche que j’étais très heureuse que le film entre dans les festivals. »
Un peu plus de trente ans après son précédent passage, l’ancienne étudiante à La Fémis, département Scénario, est revenue au Poitiers Film Festival il y a quelques jours présenter La Grande Magie, son dernier film, sorti le 8 février. L’occasion aussi de témoigner de ces premières années fondatrices, qui sont le lot des cinéastes -français et internationaux- sélectionnés au festival. « Dans les écoles de cinéma, on essaye de fabriquer des petits films en groupes, tout le monde s’y colle. Lors de mes dernières interventions à la CinéFabrique, à Lyon, les étudiants faisaient l’acteur ou l’actrice et se révélaient très bons pour la plupart. Quand on n’a qu’une caméra et, parfois, même pas de micro, on se débrouille ! Comme il y a beaucoup de métiers dans le cinéma, ça permet d’échapper au cloisonnement. »
« Ce qui compte, c’est de participer »
Une approche qui permet, selon la cinéaste, de tisser un premier réseau. Précieux pour la suite. « Faire une école publique de cinéma a changé ma vie, parce que je me suis fait des amis avec lesquels j’ai travaillé. » Citons Valéria Bruni-Tedeschi et Emmanuelle Devos, déjà au casting de Dis-moi oui dis-moi non. Mais aussi Arnaud Desplechin -sélectionné en 1984 à l’ancêtre du Poitiers Film Festival-, pour qui Noémie Lvovsky a été directrice de casting, scénariste et scripte. Elle est aussi passée devant la caméra, d’abord pour Ma Femme est une actrice (2001) d’Yvan Attal. Elle a alors 35 ans. « Au début, je lui avais dit non. Il a tenu bon, je l’ai fait et j’ai eu un bonheur incroyable à jouer. J’ai eu une petite reconnaissance de ce travail et, de fil en aiguille, on m’a proposé des rôles. J’adore participer à la fabrication d’un film, que ce soit le mien ou ceux des autres. »
De formation littéraire, la cinéaste nommée aux César à douze reprises s’est lancée dans le 7e art par un « besoin impérieux de fiction, de spectacle et un désir de travailler avec des acteurs, avec une équipe ». Comme beaucoup d’étudiants. Baiser volé de François Truffaut a constitué son premier choc de cinéma… vu à la télé. Un comble pour elle, grimaçant aujourd’hui à l’idée de voir un film sur un petit écran (de smartphone). « C’était magnifique, il y avait quelqu’un derrière la caméra qui me parlait à moi, me faisait entendre sa voix. Il y a là quelque chose d’intime et de littéraire qui m’a donné envie de voir beaucoup de films. » Avant Truffaut, ses premières amours sont le burlesque et la comédie musicale qui nourrissent sa dernière réalisation. « Le visage de mon père pouvait être très grave, il s’éclairait quand il regardait un film des Marx Brothers ou de Fred Astaire. Je le regardais et j’avais une espèce de gratitude inouïe pour ces réalisateurs qui parvenaient à y mettre de la lumière. »
DR - Poitiers Film Festival 2022/Guillaume HéraudÀ lire aussi ...