Et vous, quels sont vos rituels ?

La Cie Rumeurs des Vents a commencé à collecter la matière de sa nouvelle création, les rituels, autrement dit toutes ces petites habitudes et croyances qui rythment le quotidien en défiant les normes et la rationalité. Réfléchissez bien, vous aussi vous en avez !

Claire Brugier

Le7.info

Subrepticement, ils se glissent dans notre quotidien et s’y fondent au point qu’on les oublie. Puis ils restent là, à la fois invisibles et essentiels. « Ils sont une manière d’avoir le contrôle sur ce qu’il pourrait advenir si… », glisse Hélixe Charier. Ils, ce sont les rituels, pas ceux qui enferment, ceux qui accompagnent. La Cie Rumeurs des vents, à travers sa directrice artistique et son « acolyte artistique » Adélaïde Poulard, a choisi d’en faire la matière de son nouveau projet aux sous-titres aussi longs qu’évocateurs : « Rituels. Légendes intimes et inventaire déraisonnable. Ou porter les chaussures de sa grand-mère afin qu’elle arpente encore le monde ».

La dernière citation est tirée d’un ouvrage de Vinciane Despret, Au Bonheur des morts. La philosophe belge y aborde « comment les morts activent des choses chez les vivants, des signes, des rêves… », esquisse Adélaïde. Mais les défunts ne sont pas les seuls à susciter dans le quotidien des vivants des pensées magiques, archivages porte-bonheur et autres comportements invisibles. « A travers ce nouveau projet, nous souhaitons questionner notre rapport à la rationalité et aux croyances. A quel moment on s’octroie le droit de croire et ce que l’on tait, poursuit Hélixe. C’est aussi une façon, comme dans nos précédentes créations, de s’interroger sur les liens entre l’enfance et l’âge adulte. »

A l’écrit ou à l’oral

Chacun est concerné, donc invité à participer dès ce mardi à la veillée organisée à Chantier public ou, à l’envi durant les mois à venir, à écrire ou enregistrer le témoignage de ses propres rituels. Tous ne sont pas conscients, il faut parfois décortiquer son quotidien pour les entrevoir. « Nous portons tous le poids des normes mais nous sommes tous marginaux à l’intérieur », rassure Adélaïde. Les deux co-créatrices envisagent de proposer « une cartographie des rituels, pour aider les gens à aller les dénicher, selon le moment, le lieu… », relève Hélixe. Evidemment, elle aussi a passé au crible son quotidien et, confie-t-elle, « j’ai ainsi réalisé l’autre jour, lors d’une visite à ma grand-mère, qu’à mon arrivée et à mon départ je saluais un tableau qui est accroché dans son entrée, sur lequel le personnage me fait penser à mon grand-père ».

La phase de collectage va durer jusqu’en juin prochain, y compris dans des collèges, écoles primaires et Ehpad. « Nous ne savons pas encore quelle forme prendra la création. Une exposition organique d’objets alliés à des témoignages ? Une performance ? », s’interrogent les deux artistes, conscientes d’être « les dépositaires de petits trésors ». La danseuse Nourelaïn Khaoua et la créatrice sonore Manon Héchard sont également de cette aventure qui a le soutien du Méta, à Poitiers, et du Lieu de Florence Lavaud, à Saint-Paul-de-Serre (Périgord).  

Veillée autour des rituels, ce mardi à 19h, à Chantier public, à Poitiers. Retrouvez ici le podcast et ici le lien pour la collecte.

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