Aujourd'hui
Trois architectes se sont installés « en résidence » cet été aux Trois-Cités, à Poitiers. De là, ils ont observé la vie du quartier mais ont surtout contribué à améliorer les relations entre voisins ainsi qu’avec Ekidom. Ils raconteront leur parcours mercredi lors d’une conférence à l’Espace Mendès-France.
Aux Trois-Cités, la tour Normandie-Niemen est le vestige d’une autre époque où l’on construisait des grands ensembles pour loger beaucoup de monde. Depuis plusieurs années, cet immeuble de douze étages concentre toutes les difficultés. « On nous a fait remonter la présence de blattes, des canalisations régulièrement bouchées, les ascenseurs sont en panne, l’isolation phonique est insuffisante et des incivilités se produisent aussi… », raconte Nadine Roussel, membre du collectif d’habitants Loc’Action. Sans oublier les balcons condamnés par un arrêté de péril depuis trois ans. « Certains locataires se sont longtemps demandé si le bâtiment n’allait pas s’effondrer mais, surtout, ils avaient l’impression d’être abandonnés par Ekidom », poursuit-elle. Pour débloquer la situation, cette association a eu l’idée de solliciter la Maison de l’architecture de Poitiers. Et c’est dans ce cadre-là que trois architectes se sont installés « en résidence » une partie de l’été au sein de la tour.
Des projets concrets
Nom de code : Le pied dans les Sables. Pendant six semaines, de juin à septembre, ils ont occupé un appartement au 7e étage prêté par le bailleur social. « On arrivait dans un contexte compliqué, on a demandé à habiter sur place afin d’être plus à même de comprendre ce que vivent les locataires et d’avoir une position plus juste, explique Maxime Bricheux, architecte de l’association Terr’o. Très vite, nous avons voulu lancer des projets concrets à faire ensemble pour rassembler les habitants. » Avec ses collègues Rachel Doumerc et Clémentine Ribal, il a organisé des « voisinades » les vendredis soir au pied de l’immeuble, histoire de permettre à ceux qui le souhaitaient de faire connaissance autour d’un pique-nique. Une œuvre en béton, tout en cercles, datant de la construction de l’immeuble et baptisée « Les Couleurs », a ensuite concentré toutes les attentions. « Nous avons retiré la végétation, repeint des motifs, créé un bac de plantation, un jeu de l’oie… Chaque après-midi, des volontaires nous donnaient un coup de main. »
Au fil des semaines, la confiance s’est renouée entre voisins mais aussi avec Ekidom. Des représentants du bailleur se sont joints à certains moments conviviaux, comme Aurélien Luzi, directeur de l’antenne locale : « Cette résidence a permis d’expliquer la situation. C’est vrai que les locataires manquaient d’infos sur l’avenir de leur immeuble, mais en réalité je ne savais pas quoi leur dire car cet immeuble est passé à travers les mailles des aides de l’Etat et, seuls, nous ne pouvions pas engager d’importants travaux. » Rénovation d’ensemble, destruction complète de la tour, écrêtement… « Aujourd’hui encore, tous les scénarios sont sur la table. » Une décision est annoncée pour le premier trimestre 2023. « En attendant, un groupe de locataires très motivés s’est mis à travailler avec la maison de quartier sur des projets d’aménagement qui seront soumis à Ekidom d’ici la fin de l’année », précise Nadine Roussel, très satisfaite du résultat. Des photos de ces rencontres ont été collées sur les garages de l’immeuble afin de se souvenir des meilleurs moments. Tous les protagonistes viendront parler de leur aventure mercredi à 18h30 au cours d’une conférence gratuite à l’Espace Mendès-France.
À lire aussi ...