L'herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ?

Dirigeante de Kaphisto RH, Karine Billaud livre chaque mois une chronique sur l’emploi dans nos colonnes.

Arnault Varanne

Le7.info

L’an dernier, aux Etats-Unis, près de 50 millions de salariés ont quitté leur employeur. On a parlé de « La grande démission ». Avec près de 520 000 départs volontaires par trimestre, fin 2021 et début 2022, la France connaît aussi un niveau historiquement haut. Pourtant, il n’est pas inédit et avait même été dépassé juste avant la crise financière de 2008. La crise sanitaire est passée par là et, avec elle, une envie d'un meilleur équilibre de vie professionnelle/vie personnelle avec plus de flexibilité, une recherche de sens, d’autres relations de travail… Mais cela s’explique aussi, tout simplement, par le dynamisme du marché du travail.

Alors, qu'est-ce qui pousse à vouloir quitter son emploi ou qu'est-ce qui séduit le plus et fait « sauter le pas » vers une nouvelle opportunité ? Les raisons sont multiples et personnelles. On démissionne davantage pour un projet plus « personnel », une réorientation vers un métier que l’on rêve de faire. On démissionne aussi pour se réorienter vers des emplois moins impactés quand il y a une telle crise. On minimise alors le risque de revivre une situation financière dégradée, malgré les aides. Enfin, on continue encore à démissionner pour partir, avant tout, de l’entreprise dans laquelle on est. On part donc surtout « à cause de » et pas « pour une nouvelle situation ». Les crises sanitaire, économique et les confinements ont mis en avant les différences de capacité d’adaptation des entreprises, d’anticipation et d’aptitude à rebondir, à innover mais aussi de valeurs, de culture et compétences managériales. Les écarts se sont peut-être même creusés entre les réputations (marques) des employeurs.

Les difficultés de recrutement ont augmenté, à des niveaux divers selon les secteurs et selon les entreprises d’un même secteur. Pour autant, l’herbe est-elle plus verte ailleurs ? Parfois, l’annonce est alléchante, le poste est « bien vendu » en entretien. Durant la période d’intégration, on découvre avec bonheur qu’il n’y a pas de décalage entre ce qui est vendu et la réalité ou parfois on déchante. Dans le second cas, c’est préjudiciable aux deux parties. En entretien, le candidat ne doit pas hésiter à poser des questions afin d’avoir la meilleure projection sur le poste, son contexte et son environnement et disposer des informations les plus claires et précises. L’employeur potentiel, de son côté, n’a aucun intérêt à enjoliver son poste et vendre une culture qui n’est pas la sienne. Cela finit rarement bien et personne n’est gagnant. Le factuel et la sincérité sont les meilleurs atouts. Mais cela n’empêche pas de réfléchir également à ses pratiques salariales et à l’expérience candidats proposée.

Contact : contact@kaphistorh.fr.

À lire aussi ...