Des prêts entre parenthèses

Depuis le début de l’année, les banques françaises ont écarté près d’une demande de prêt immobilier sur deux. La Vienne n’est pas épargnée par ce phénomène. Pour autant, le marché de la transaction n’est pas encore en situation de blocage.

Steve Henot

Le7.info

Ce couple de Poitevins devrait déjà avoir emménagé dans sa nouvelle maison, à Buxerolles. Le compromis de vente a été signé il y a deux mois. Et pourtant… « Au départ, c’est le taux d’usure qui bloquait, confie Patrice. Nous venons d’avoir l’accord de la caisse régionale, mais aujourd’hui, le taux de l’assurance emprunteur, laquelle coûte cher, peut nous faire dépasser le taux d’usure. »


Ce cas de figure se multiplie ces derniers mois, partout en France. En cause donc, le taux d’usure, autrement dit le taux d’intérêt maximum légal que les établissements de crédit sont autorisés à pratiquer. Avec l’augmentation rapide des taux d’intérêt, le seuil fixé ne correspond plus à la réalité du marché et prive ainsi de nombreux candidats à l’emprunt d’un crédit immobilier. « Pas des primo-accédants mais une clientèle moyenne, de plus de 45 ans, avec des taux d’assurance plus élevés, observe Benjamin de Tugny, le président de la chambre Charente-Vienne-Deux-Sèvres de la Fnaim. Avant et pendant l’été, ça bloquait sur 20% des dossiers, des dossiers de qualité. Cela ne veut pas dire qu’ils ne passent pas. Mais il a fallu que l’on se batte avec certaines banques pour trouver des solutions. »


Un marché de 
la transaction « sain »

Au mieux, des reports ont été obtenus, dans l’attente que le taux d’usure remonte. Au 1er octobre, il est passé de 2,57% à 3,05% pour les emprunts sur 
20 ans et plus, ce qui a déjà permis de débloquer certains dossiers. Mais d’autres ont tout simplement été refusés. Près d’un sur deux (45%) depuis le 1er janvier selon un sondage réalisé pour le compte de 
l’Association française des intermédiaires en bancassurance (Afib). « On remarque aussi un durcissement dans l’appréhension des prêts, certaines banques demandent des apports plus importants 
ou arrêtent le financement de petits prêts, sur lesquels elles ne gagneraient plus d’argent », observe Benjamin de Tugny.


Dans un contexte de tension du marché immobilier -hausse des prix, pénurie de biens-, cette situation n’inquiète pas encore mais suscite la vigilance. Des voix commencent à s’élever pour demander la révision de la méthode de calcul du taux d’usure et ainsi éviter un effondrement de la demande. « Dans la Vienne, on n’est pas encore dans une situation de blocage, observe Benjamin de Tugny. Le marché de la transaction est sain, avec des prix stables, mais il y a un besoin d’accompagner davantage les clients dans leur parcours bancaire. On est attentif à ce que les banques continuent de jouer le jeu. » Pour les acquéreurs potentiels, la période s’annonce incertaine. Sauf à avoir un apport conséquent ou à pouvoir réduire ses frais, d’assurance notamment.

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