Mon « dys » fait sa rentrée

Dans les établissements scolaires, le mot d’ordre est à l’inclusion des élèves atteints de troubles de l’apprentissage. Pas simple. La maman d’un jeune dyspraxique, elle-même enseignante, témoigne.

Romain Mudrak

Le7.info

« Mon dyspraxique rentre en sixième ! » C’est par ces mots empreints d’une certaine fierté que Sandrine Grégoire a démarré sa publication la semaine dernière sur Linkedin. Ce sujet tient au cœur de cette enseignante châtelleraudaise spécialisée dans les troubles de l’apprentissage. D’autant plus qu’il s’agit cette fois de son fils. Un déficit de coordination entre l’œil et la main l’empêche de prendre des notes comme les autres élèves. Diagnostiqué dès le CE2, Nahel a très tôt bénéficié d’un Plan d’accompagnement personnalisé (Pap). « Aujourd’hui, le voilà capable d’écrire avec son ordinateur aussi aisément et rapidement que ses camarades s’appliquent à noircir les pages de leurs cahiers », poursuit-elle sur le réseau social. Certes la famille a dû investir dans le matériel informatique, mais grâce à des logiciels libres de droit, le jeune garçon est autonome, à tel point que la Maison départementale des personnes handicapées ne lui a même pas octroyé d’auxiliaire (AESH). Si Sandrine Grégoire témoigne aujourd’hui, c’est pour partager son quotidien et, surtout, celui de son fils. Des petits riens qui, une fois additionnés, deviennent des montagnes malgré tous les dispositifs d’inclusion imaginés par l’Education nationale. Et ça commence dès le diagnostic. « Les séances chez l’ergothérapeute ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale, contrairement à l’orthophoniste. Il est pourtant indispensable aux dyspraxiques et aux dysgraphiques, en particulier pour rééduquer et compenser les difficultés. » (lire ci-dessous)

Première interro... à l’écrit

Et puis un autre sujet est souvent source de stress pour Nahel : il faut surtout que les exercices soient proposés en ligne ou sur une clé USB. « C’est encore au bon vouloir des enseignants. Beaucoup refusent d’utiliser les outils numériques et manquent de formation. » Ce message, Sandrine Grégoire le porte désormais au sein de Canopé, le centre de formation des profs. Elle aimerait que ce type de handicap devienne « une simple particularité qui s’inscrirait dans une pratique professionnelle différenciée » de ses collègues. En primaire, impossible de fournir une imprimante pour que Nahel puisse rendre des copies. Heureusement, son maître s’est adapté. « Mais à l’arrivée au collège, sa première interro d’histoire s’est déroulée par écrit. » 
Sandrine préfère en rire. Idem quand l’établissement lui a demandé d’acheter douze cahiers de 
96 pages… Pour Muriel Meyer, inspectrice de l’Education nationale en charge de l’adaptation scolaire des élèves handicapés, les choses progressent néanmoins : 
« Depuis janvier 2022, on a mis en place le livret de parcours inclusif, une application numérique qui réunit tous les plans d’accompagnement de l’élève. Comme il est annexé aux logiciels d’inscription, ce livret permet au collège de mettre en place rapidement les aménagements existant à l’école. » En attendant que la consigne passe auprès de tous les professeurs, Nahel fait profil bas pour « ne pas gêner la classe ». Les difficultés rencontrées par son fils ont inspiré à Sandrine, également créatrice de la startup Magik Eduk, une nouvelle application pour aider les dys à lire et à écrire. Son nom : Orthonemo.

Les ergothérapeutes au service des dyspraxiques
Dans leurs multiples missions, les ergothérapeutes accompagnent également les dyspraxiques dans leur vie quotidienne. « Après un état des lieux qui nous permet d’identifier les activités dans lesquelles l’enfant est mis en difficulté, on propose de la rééducation ou de l’adaptation », explique Alexandre Rodriguez, ergothérapeute à Poitiers. Parmi les exercices possibles, il peut être demandé aux enfants de construire un objet en Lego assis sur un ballon de rééducation. Une façon de travailler la motricité fine. Dans le cas de Nahel, l’ordinateur est un outil qui lui permet de ne plus être en situation de handicap dans sa prise de notes et la réalisation des exercices. Attention, tout le monde ne peut pas se revendiquer ergothérapeute. Il s’agit de professionnels de santé diplômés d’Etat. Et seuls eux disposent des compétences nécessaires pour proposer ces solutions. Ils sont à peine une dizaine à exercer en libéral dans la Vienne. Problème, les consultations ne sont pas prises en charge par la Sécurité sociale, contrairement à celles des orthophonistes. En revanche, certaines mutuelles les incluent dans leurs contrats.

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