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La très grande majorité des prêts sur gage octroyés par le Crédit municipal le sont à partir de bijoux en or. Le métal précieux reste indéniablement une valeur refuge.
« En ce moment, c’est un peu difficile, tout devient très cher et je suis tout le temps à découvert quand le salaire tombe. » Jeanine vient régulièrement à l’antenne poitevine du Crédit municipal de Bordeaux pour y déposer des bijoux en or. Cette fois-ci, le prêt doit lui permettre de régler « une facture d’électricité de 220€ ». « Si j’attends la prochaine, ce sera le double et ce sera encore plus compliqué », remarque la mère de famille. Elle a six mois pour rembourser, un délai renouvelable trois fois, soit deux ans maximum. « Je connaissais le Mont de Piété à Paris. Je ne savais pas qu’il existait l’équivalent ici. Quand je suis arrivée à Poitiers, je prenais le train pour Paris pour ça. » Peut-être par manque de notoriété, le lieu n’affiche pas la hausse flagrante de fréquentation que la crise sanitaire, économique et géopolitique pourrait laisser imaginer. La responsable du Crédit municipal Virginie Gillet-Renoux parle juste d’un « frémissement du prêt sur gage ». Pour payer une facture de cantine, acheter des biens de première nécessité, remplacer un appareil électroménager… « Certaines l’ont même intégré à leur fonctionnement : ils déposent des objets qu’ils viennent récupérer lorsqu’ils ont une rentrée d’argent. Ils reviennent les mettre en gage quelque temps après… »
De nouveaux clients ont néanmoins fait leur apparition, « des gens qui ont des revenus confortables, qui sont propriétaires mais ont besoin d’un apport financier pour faire des travaux, partir en vacances…, constate la responsable. Aujourd’hui le prêt sur gage concerne toutes les catégories socio-professionnelles. »
750€ en moyenne
Les bijoux, essentiellement en or, constituent la majorité des objets confiés, « autour de 90%, estime Virginie Gillet-Renoux. Le montant de dépôt moyen en France est de 750€. » Il avoisine les 1 000€ à l’agence poitevine du Crédit municipal. La valeur des biens est toujours supérieure au montant du prêt. « Nous prêtons à raison de 21€ le gramme d’or 18 carats, en liquide jusqu’à 3 000€.» Le droit de garde s’établit autour de 2% en moyenne (en fonction des montants prêtés) auquel s’ajoute 0,86% par mois. « Vous venez avec une pièce d’identité et un justificatif de domicile, vingt minutes après vous avez votre argent ! » Idéal pour les personnes réticentes à faire un prêt classique ou sous le coup d’un interdit bancaire. « Jamais on ne demande l’usage qui va être fait de l’argent mais 96% des personnes récupèrent leur bien. »
Dans les boutiques spécialisées, la vente d’or est définitive mais la motivation sensiblement la même, « toujours déclenchée par un projet de travaux à faire, un apport pour l’achat d’une maison, un voyage, en cas de rappel à l’ordre fiscal… », énumère Benjamin Massé. Le gérant du Comptoir de l’or, à Poitiers, n’a pas observé d’afflux inhabituel de vendeurs. A contrario, « la guerre en Ukraine a fait croitre sensiblement le cours de l’or. Cela l’a fait découvrir à énormément d’investisseurs, de personnes qui ont du cash ou qui veulent quitter les marchés financiers. » La remontée des taux bancaires, le durcissement des conditions de prêt, la hausse des prix… Les effets de la crise pourraient s’accentuer dans les mois à venir.
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