Inamovible Jean-Pierre Sarthe

A 76 ans passés, Jean-Pierre Sarthe veille encore et toujours sur l’équipe première du Poitiers Basket 86. Aussi discret qu’efficace, l’intendant du club n’a manqué qu’un seul déplacement en vingt ans.

Arnault Varanne

Le7.info

Il fait au quotidien ce que le grand public ne voit pas. Du lavage des maillots à la réservation des hôtels, des petits travaux ou dépannages dans les appartements à la révision des voitures de fonction, Jean-Pierre Sarthe occupe la fonction d’intendant, à raison de onze heures par semaine. En près de vingt ans de carrière -presque trente d’investissement-, le salarié du PB86 a découvert 145 villes françaises, parcouru l’équivalent de cinq fois le tour de la terre, « découvert le Nord », 
s’est régalé chez Troisgros, à Roanne... « Avec le basket, j’ai rencontré des gens qu’un gars comme moi avec juste un CAP n’aurait jamais pu côtoyer. » A la table des confessions, les souvenirs fusent, les rires aussi.

« JP » passe d’une anecdote à l’autre le sourire aux lèvres et la gouaille communicative. La plus fameuse ? Peut-être cette réservation d’hôtel à Lyon une journée trop tard à cause d’un match décalé du samedi au vendredi, avec en plus un OL-Tottenham très couru. La délégation poitevine a dû se rapatrier vers un établissement à Bron en toute hâte... Plus que n’importe quel joueur (Pierre-Yves Guillard) et entraîneur (Ruddy Nelhomme), il incarne une forme de continuité, lui l’ancien « 2e arrière » du CEP, l’ancêtre du PB86 depuis la fusion avec le Stade poitevin. 
« JP était déjà intendant quand j’étais joueur, c’est dire ! », plaisante Andy Thorton-Jones, l’entraîneur du club. Il a tout vu de la montée en puissance du club, c’est quelqu’un de passionné, bienveillant et vraiment disponible. »

« Tous les clubs 
aimeraient avoir un JP »

« Il connaît super bien le club, il l’aime, analyse de son côté Adrien Tallec, directeur administratif du PB86. Il a fait le choix de vieillir avec sa passion, alors qu’il aurait pu arrêter une fois, deux fois, dix fois ! 
Tous les clubs aimeraient avoir un JP. »


« Beaucoup de plaisir cette saison »

Intarissable sur le passé, l’ancien responsable du service après-vente d’Idemeca -à Nouaillé- ne tarit pas d’éloges sur le présent. 
« Le groupe actuel, c’est une crème. Je ne suis pas emm..., les gars sont vraiment sympas et vivent bien ensemble. Je prends beaucoup de plaisir cette saison. » 
Au-delà de ses missions, le père et grand-père est un épicurien, qui aime pousser la porte des restaurants et enfourcher son vélo pour quelques dizaines de bornes par semaine. C’est son équilibre. Très sociable, Jean-Pierre Sarthe s’est fâché avec très peu de monde dans sa vie. « Enfin, disons qu’on finit toujours par se rabibocher ! » 
Ni nounou ni confident des joueurs, l’intendant ne verse jamais dans le « c’était mieux avant ».

« Il n’est pas du tout déconnecté, reprend Adrien Tallec. Il arrive toujours à ses fins, fait jouer son réseau incroyable. Après, il est aussi capable de s’agacer sur des points de détail. Comme il a toujours travaillé dans sa vie, il donne beaucoup de sens à la valeur travail. » D’ailleurs, même après une heure et demie d’entretien et une bière sifflée en terrasse, le mot « fin » n’est jamais sorti de sa bouche. Sa philosophie tient en une phrase : 
« Dans la vie, il faut oublier les mauvaises choses et ne retenir que les bonnes. »

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