
Hier
Tout sauf un poisson d’avril. Au début du mois, Zoé Malouvet a retrouvé la scène, celle de Cap Sud, à Poitiers, accompagnée d’une dizaine de musiciens. Un exercice que la chanteuse poitevine a fui ces quatre dernières années. « Depuis que j’ai commencé à faire des chansons, la scène est une épreuve, confie la jeune auteure-compositrice. Les concerts me donnent l’impression de me livrer avec une proximité très rapide, alors que je n’ai jamais vu les personnes dans le public… »
Issue d’une famille de musiciens amateurs -son père a créé La Fanfare en Plastic à Biard-, Zoé a toujours eu un rapport intime, presque secret, à la musique. « Pour mes proches, elle était de l’ordre du partage, dit-elle. J’étais tout l’inverse. » Jeune autodidacte, elle jouait du piano au casque pour que personne ne l’écoute. Elle s’est ensuite initiée à la guitare et à l’accordéon, en accompagnant ponctuellement de petites formations. Jamais sur le devant de la scène. Des années plus tard, la jeune adulte se décide à se confronter au regard du public, à l’occasion d’une scène ouverte parisienne. « J’y suis allée pour voir si je ne perdais pas mes moyens, seule sur scène avec ma guitare. Et en fait, non, se souvient-elle. J’ai ensuite appris que c’était un concours, que j’ai gagné. »
Dès lors, Zoé enchaîne les tremplins et les concerts dans toute la France, avec la sortie en 2016 d’un premier album auto-produit (Echo). Tout va très vite pour la protégée d’Anne Sylvestre. Trop vite. « Il fallait que je fasse une pause. » Loin des planches, celle qui a grandi avec Brel, Brassens, Barbara ou encore Ferré n’a pas cessé d’écrire. Sur l’amour, le temps qui passe et laisse des traces… Ces Mots roses -le jeu de mots n’est pas anodin- donnent son titre à un deuxième album toujours très personnel, sorti le 21 mars dernier. Dernière chanson composée pour cet opus, Injustice renvoie à un épisode douloureux de sa vie : la longue procédure judiciaire contre son violeur de psy, dont elle a témoigné sur un blog de Mediapart.
« J’ai commencé à écrire dans cette période d’emprise, confie-t-elle. Cela a été un moyen de garder un peu de moi. C’est aussi pour ça que l’écriture m’est si précieuse, c’est ma passion. » La Poitevine a encore de nombreux textes en réserve et a encore écrit, quatre jours avant son concert de sortie, le 1er avril dernier. « Je ne projette pas grand-chose. L’inspiration est spontanée, je ne suis pas à l’abri de ne plus écrire. » Aux côtés de ses « copains » musiciens, Zoé a surtout retrouvé un peu de plaisir et d’intérêt au live. « Ils m’ont presque convaincue de faire d’autres concerts…, avance-t-elle, prudemment. Mais je n’en ferai pas beaucoup, seulement sur des scènes similaires et sans doute avec un peu moins de musiciens. » Peut-être un nouveau chapitre qui s’ouvre pour la jeune trentenaire.
Album disponible sur le site de la compagnie Artifis (cie-artifis.fr) au prix de 18€.
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