mardi 24 décembre
L’équipe de l’association Les Pâtes au beurre 86 anime cette saison la chronique parentalité.
Une petite anecdote pour commencer. Une mère emmène sa fille de 3 ans en voiture, la radio diffuse cette chanson : « Non, non, non, non... » de Camélia Jordana. Devant la jubilation de sa petite à reprendre le refrain à tue-tête, cette enfant qui dit non à tout, sa mère ne peut s’empêcher de rire. L’opposition des enfants à cette période de la vie n’est pas toujours aussi facile à accueillir !
Pouvoir dire non, s’opposer, est essentiel à la construction affective. Comme le rappelait Françoise Dolto, « l’agressivité, c’est vital ». Elle est différente de la violence, qui est une négation de l’autre. Souvent, la violence survient lorsque les ressources de l’agressivité ne sont pas acquises.
L’autonomie ne se donne pas à l’enfant, elle passe par la séparation et la construction de soi. C’est l’enfant qui la prend à son rythme, et cela ne va pas sans conflit, ni sans confrontation aux limites. Si ce moment est difficile pour les parents, il l’est tout autant pour l’enfant. Il ne s’agit pas de la volonté de commander, mais d’un manque de ressources internes pour faire face aux angoisses de séparation ou d’abandon. Les crises, ces manifestations bruyantes, représentent les tiraillements internes entre l’envie d’indépendance et les angoisses de séparation.
Comme nous le racontions précédemment, dans les premiers temps de vie, le tout-petit n’est pas vraiment séparé de sa mère. Ce sont les parents qui savent, transforment et nomment les ressentis débordants de leur enfant. Le bébé se manifeste, il repousse le biberon ou le sein pour signifier qu’il n’en veut plus : il s’oppose. Ces mouvements accueillis par l’entourage sont les prémices de l’agressivité, base de l’affirmation de soi.
Pour vraiment dire « oui », un oui qui engage, il faut d’abord pouvoir dire « non, » c’est-à-dire avoir pu se différencier et s’opposer. Avec ce « non », l’enfant expérimente le pouvoir des mots. C’est l’outil symbolique qui lui permet de séparer le soi du non-soi, c’est à partir de là que l’enfant peut se construire l’idée de sa personne, comme en témoigne l’apparition du « je » dans son langage. Il s’agit de l’aider dans ce passage important à ne pas s’enfermer dans une opposition systématique, dans un rapport de force. Il ne s’agit pas de réprimer cet élan vital qui permet la séparation, mais de le canaliser, de l’humaniser sous une forme socialement acceptable, en s’appuyant sur la culture, les lois. L’enfant fait l’expérience de la séparation, il a besoin d’être entendu dans ce mouvement d’opposition mais aussi d’être soutenu, d’être assuré de la solidité du lien à l’autre. Combien est fréquente l’expérience de l’enfant qui repousse son parent pour aller explorer un nouveau lieu, puis qui revient en courant pour se rassurer : « Ouf, papa/maman est toujours là ! ».
Les Pâtes au beurre 86 - 4, rue des Ecoles - 86180 Buxerolles - Tél. 06 30 94 07 97 - Accueil les mardis de 13h30 à 15h30 et de 17h30 à 19h30.
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