Dans la Vienne, les maisons de quartier et espaces de vie sociale font vivre l’éducation populaire à la ville comme à la campagne. Parmi les objectifs défendus, faire des enfants des citoyens épanouis. Les Rencontres nationales de l’éducation populaire mettront ces actions en lumière ce week-end à Poitiers.
Depuis sa création au lendemain de la Première guerre mondiale, l’éducation populaire s’est assurément fait une place au côté de l’éducation nationale et parentale. Dans la Vienne, les maisons de quartier se sont appuyées sur ce concept pour élaborer tout un tas d’activités, notamment dédiées aux enfants. L’idée ? Les inciter à développer leur esprit critique, travailler en équipe, être force de proposition, participer à des processus de création… Autant de savoir-être que d’autres appellent les « compétences du XXIe siècle ».
L’une des actions les plus emblématiques, c’est l’Accueil de loisirs sans hébergement (ALSH) « émancipateur ». Ce terme n’a pas été choisi par hasard. « On amène les jeunes à agir et ne plus subir, explique Laurent Vergeau, responsable du secteur 6-12 ans au centre d’animation des Couronneries. Les enfants doivent réfléchir à ce qu’ils veulent faire, proposer si ça ne leur plait pas, convaincre leurs camarades et si tout va bien, ils iront jusqu’à voter quand ils auront l’âge. » Ce concept né dans la Vienne a été théorisé dans un livre avec le soutien de chercheurs de l’université de Tours. La plupart des accueils de loisirs l’ont adopté. Leurs directeurs se réunissent tous les deux mois pour partager leurs expériences et alimenter un site internet. Un module a même été créé à l’Institut régional des travailleurs sociaux (IRTS). « Chez les 3-6 ans, on passe beaucoup par l’aménagement des locaux et la posture des animateurs, précise Stéphanie Prieur, de la Maison de quartier de Saint-Eloi. Par le jeu, on les amène à verbaliser ce qu’ils ont envie de faire et on prend le temps. »
Les enfants ont des droits
Une équipe de ce centre social a aussi mis au point une autre action autour de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’ONU en 1989. Deux expositions et une série de jeux permettent d’aborder des concepts fondamentaux comme le droit à l’éducation et aux loisirs, le droit de ne pas être exploité ou encore d’être protégé contre toutes formes de violences. « L’idée c’est qu’ils comprennent que même en tant qu’enfants, ils ont des droits, plaide Claire Réveillault, qui porte ce projet depuis 2014. Être harcelés par d’autres enfants ou frappés par ses parents, ce n’est pas normal. » C’est aussi un moyen de débloquer la parole et d’échanger sur les réalités du monde. « Parfois certains enfants originaires d’autres pays font part de leur expérience. Ils disent « moi où j’étais avant, c’était comme ça ». Leur discours a plus de poids sur les autres. » Une façon d’apprendre ce qui ne figure pas dans les livres.