Hier
Frédéric Brousse, 49 ans. Fondateur de FB Food truck en 2015. Ses camions sillonnent la Vienne pour rassasier les estomacs affamés. Ce franco-belge joue avec ses origines sur les réseaux sociaux et pas que. Adepte du franc-parler, cet ex-volleyeur professionnel manie aussi l’humour avec un brin de cynisme. Sa devise ? « En positif ou en négatif, l’essentiel c’est qu’on parle de moi ».
Le mystère est résolu… Ce n’est ni un brin d’herbe, ni une cigarette que Lucky Luke machouille tout au long de ses histoires, mais bien une frite… Et si Milou n’avait pas subrepticement échangé la caisse de TNT avec des fricadelles, Joe Dalton aurait certainement réussi à voler la Coupe du monde de football à la France en 2018. Bien sûr, tout ceci est une blague… belge évidemment ! Dans son hangar géant tout juste terminé, à Montamisé, Frédéric Brousse a demandé à l’artiste deux-sévrien HASb de réaliser une fresque originale. Tous les héros des plus grands auteurs de bande dessinée du royaume y sont réunis. On y voit un Schtroumpf endormi sur un cornet de frites et Gaston Lagaffe qui s’envole sur l’une des boules du célèbre Atomium de Bruxelles. Une façon de revendiquer ses origines, avec cet humour qui le caractérise.
Noir, jaune, rouge
Frédéric Brousse, 49 ans, est le créateur de FB Food Truck (Frite Belge), une success story poitevine : 16 salariés, 1,1M€ de chiffre d’affaires en six ans à peine, tout cela avec des burgers, des fricadelles et des frites belges, cuisinées à partir de Bintje évidemment. Ses trois camions noirs reconnaissables entre mille sillonnent la Vienne pour satisfaire les estomacs affamés. Deux camions rouges équipés d’un écran géant vendent de la bière belge et d’autres breuvages sur des événements festifs, et bientôt un jaune sera spécifiquement dédié aux desserts, gaufres de Liège en tête. Noir, jaune, rouge, les couleurs du drapeau belge, pas de hasard là-dedans. « Attention quand même, il ne s’agit pas d’une simple baraque à frites dans une caravane à 1 500€ ! », précise-t-il d’emblée. Le prix de chaque camion avoisine les 100 000€. Casquette vissée sur la tête, Fred Brousse n’a pas de mal à parler d’argent, de salaire et d’investissement. Il n’a aucun tabou. Il ose, c’est tout, sans peur de l’échec, avec pragmatisme. Dans une réunion organisée par une chambre consulaire pour tous les nouveaux dirigeants, un consultant lui propose de l’accompagner dans ses démarches histoire d’obtenir des aides à la création d’entreprise. Refus catégorique. « Je n’en avais pas besoin, je savais que mon idée allait fonctionner. Pour moi, ce n’est pas l’argent qui fait le projet mais le projet qui crée l’argent. C’est Sarkozy qui l’a dit et j’aime bien cette phrase. J’ai revendu ma maison, repoussé des factures quand j’ai lancé FB Food Truck, mais j’ai tout fait pour que ça marche. »
Et des projets, cet ancien volleyeur professionnel en a menés plus d’un durant sa carrière multifacette. Formé au métier de prothésiste dentaire -« j’ai fait latin-grec quand j’étais petit, mais un jour mon cerveau s’est déconnecté de l’école. On m’a dit de choisir une voie en apprentissage. »- ce grand gaillard a pratiqué le volley pendant une quinzaine d’années, à partir de 1991, notamment dans le club de Lennik en première division belge. Remis d’une blessure à l’épaule, il a poursuivi sa carrière en France, à Beauvais. Là, il rencontre sa future compagne Claire qui veut devenir professeure de sport. Le couple choisit de s’installer à Poitiers. « Pour nous, c’était le sud ! ». Elle va à la fac, lui intègre le club de Châtellerault tout en préparant sa reconversion. Il poursuit sa carrière pendant sept ans dans les assurances avant de créer une première société d’import-export de véhicules neufs. Entre-temps, le couple a deux enfants aujourd’hui âgés de 10 et 13 ans. Son affaire marche bien mais au bout de quelques années, son idée de Food Truck à la sauce belge prend le pas sur le reste. « J’ai commencé dans le camion la première année. J’ai d’abord servi mes copains dans la cour de la maison, mais quand des vrais clients sont arrivés je ne rigolais plus. »
« Je monte vite dans les tours »
Volontiers « grande gueule », Fred Brousse répond directement à tous les mauvais commentaires sur les réseaux sociaux. Autant dire que les formules ne sont pas toujours policées. Surtout quand on l’attaque sur la qualité de ses produits ! Les food trucks, une usine à malbouffe ? Une concurrence déloyale aux restaurateurs en place ? Inutile de le titiller longtemps pour que les contre-arguments s’enchaînent à la vitesse d’un Jolly Jumper au galop. « Je suis passionné, je monte vite dans les tours. » L’actualité, la politique, la gestion du Covid font aussi l’objet de billets d’humeur qu’il partage sur les réseaux. « On me dit que je devrais me taire, surtout en tant que commerçant. J’ai grandi en voyant tous les jours sur le mur de la fermette de mes parents une bâche avec écrit « Nucléaire, non merci ! ». En Belgique, on est plus direct, quand on n’est pas d’accord, on le dit. Et on discute autour d’une bière ! »
Sur la fresque de son bâtiment, un Schtroumpf porte sur le bras le tatouage Gigi, clin d’œil à sa mère décédée en 2018 d’un cancer du pancréas. Ce diminutif est aussi floqué sur tous ses camions. Vous le chercherez ! Depuis cette date, Fred Brousse reverse au Fonds Aliénor pour la recherche médicale poitevine une partie de la recette du Food Trucks festival, organisé deux fois avant le Covid. Le prochain rendez-vous est prévu du 5 au 8 mai à Buxerolles. « Je veux que ce soit le plus grand rassemblement de France », s’enthousiasme l’intéressé. On peut venir d’un petit pays et nourrir une ambition XXL.
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