Le chaudron leur appartient

Le 7 consacre cette saison une série aux supporters. Nouvel épisode avec les aficionados du Stade poitevin volley beach prêts à tout pour soutenir leur équipe, pourtant très mal embarquée en Ligue A cette saison.

Lawson-Body, temple du volley français. Le cœur bat certes un peu moins fort depuis le début de la crise sanitaire et sportive, mais la salle emblématique de la rue de la Ganterie reste un chaudron où 
1 400 âmes -en moyenne- se réunissent pour communier avec Brice Donat et son escouade. Il y a là Jean-Paul, Eric, Quentin, Alexandra et tant d’autres. Jean-Paul Baudouin, c’est « Arkop » pour les intimes, vingt-cinq ans d’encouragements, dix-sept de grosse caisse et de micro. Le taulier, donc. 
« On m’avait dit qu’il y avait une bonne ambiance au volley et, comme la marraine de mon fils travaillait dans un commerce partenaire du club, j’ai pu avoir des places. » Plutôt vélo que volley, le conseiller clientèle dans un magasin de bricolage s’est d’abord installé « à l’opposé du kop avec ma mère et ma sœur ». Et après deux-trois ans, il a choisi de devenir l’un des ambianceurs de Lawson-Body. 
« J’aime ce sport car c’est l’un des seuls où deux équipes se combattent sans contact. Il n’y a pas non plus de rivalité comme au foot, les joueurs sont proches des supporters... » Bref, Jean-Paul est accro et les souvenirs positifs se bousculent dans sa tête.

Tuomas et Lawson 
en deuxièmes prénoms

Il y a le premier titre de 1999 face à Paris, cette fameuse finale à Poitiers avec une belle pas prévus à son programme. 
« On avait réussi à obtenir des places pour le retour mais pour le match d’appui, il fallait en récupérer. Je me suis levé très tôt ce matin-là. J’en garde un souvenir incroyable ! Plus globalement, les titres laissent de très bons souvenirs. Celui de 2011, avec le départ en bus et la finale à Coubertin (contre Tours, ndlr), était super. » Au fil des ans, les amitiés se sont nouées. « Arkop » a accroché avec Alejandro Spajic, s’est vu offrir le maillot de Paul Duerden au soir de son dernier match. Il a aussi « adoré » Tuomas Sammelvuo, au point de donner ce deuxième prénom à son fils Titouan. Son autre fils Gweldaën voisine avec Lawson sur sa carte d’identité. « Lui est plus foot, il supporte l’US Chauvigny », prévient le paternel, qui n’a pas hésité à faire le déplacement jusqu’à Limoges pour aller encourager les Chauvinois face à l’OM en Coupe de France. Quand on aime... 


Chez les Vauzelle, le sport est une religion. « On a toujours baigné dedans », admet Eric, le patriarche, vice-champion du monde de moto d’endurance 2009 avec le Team 18 sapeurs-pompiers, qui a aussi fait « un peu de vélo » en Ufolep. Le volley ? Il y est venu sur le tard, en 2016, alors même que l’un des membres de la famille de son ex-épouse jouait au Stade au milieu des années 90. « On a toujours entendu parler du Stade sans jamais franchir le pas. Et après ma séparation, les copains m’ont encouragé à venir. J’y suis allé et dès qu’on met le pied là-bas, on a du mal à repartir. » Lui aussi apprécie 
« le spectacle bon enfant » et le « côté très accessible des joueurs ». Dans son sillage, il a embarqué le fiston, Quentin, 
20 ans. Celui-là même qui lui a offert une grosse caisse. Eric l’affuble du sobriquet de « Mémère ». 


« A la base, j’avais un prof au CFA boulangerie qui nous avait encouragés à aller au basket, j’étais plus attiré par ce sport. Et un jour, mon père nous a fait la surprise de prendre des places à Lawson-Body. C’était comme un cadeau de Noël ! »
 Quentin joue un rôle majeur puisqu’il endosse la tenue de la mascotte Seven depuis deux ans. « On me considère comme le septième joueur de l’effectif. Pourtant, au départ (en novembre 2019 face à Toulouse, ndlr), je ne savais pas trop où me placer, j’avais un peu le trac. » 
Eric et Quentin Vauzelle gardent en mémoire la victoire à Tours 
(2-3), après avoir été menés deux sets à zéro. « On a complètement retourné Grenon... » 


« On ne les lâche pas »

Alexandra Lemaçon est la dernière de la bande des quatre à s’épancher sur sa passion du Stade. Et aussi la première à s’être penchée au-dessus du berceau de Lawson-Body, à moins que ce ne soit l’inverse ! « Je joue au volley depuis trente ans, raconte la jeune maman. Mais je suis vraiment l’équipe depuis que j’ai 12-13 ans. » Dans son armoire à souvenirs, elle égrène les noms des anciens tels que Julien Gomme, Dascalu, Sapinart, Soïca... « C’était encore Jean-Michel Roche qui était entraîneur, Le titre de 1999, je m’en souviens très bien, je les revois encore se jeter par terre. Un peu plus tard, j’ai été ramasseuse de balles. Les meilleures années pour moi. »
Aujourd’hui, les fans du SPVB vivent une période de vaches maigres. « On fait avec, soupire Jean-Paul Baudouin. On ne lâche pas les joueurs, on est toujours là avant, pendant et après les matchs. On les applaudit au foyer même s’ils ont perdu... » Supporters jusqu’au bout. 


DR Manu Helfer