Pourcentage de réussite aux tirs, nombre de rebonds ou de ballons perdus… Dans le basket, les statistiques ont une place de plus en plus importante. Au PB86, des bénévoles les collectent en direct pendant les matchs. Immersion.
Vendredi 21 janvier, Poitiers-Rennes. A 20h, dès le coup d’envoi, moment de flottement à la table des statisticiens. Leur logiciel d’enregistrement des données vient de planter et affiche un écran blanc. Impossible de le redémarrer, le match est lancé. « Dans ce cas de figure, on fait à l’ancienne, en écrivant sur une feuille de papier, explique Théo Bonnard, bénévole au PB86 et dans l’équipe statistiques du club depuis cinq saisons. Mais c’est beaucoup plus compliqué. »
Il est déjà trop tard. Ni les équipes ni la presse n’ont pu consulter les chiffres exacts de la rencontre à son terme. Sur Internet, idem, black-out total. Présent ce soir-là au bord du terrain, Sacha Pineau a revisionné le match en vidéo, le lendemain et sur son temps libre, pour enfin rentrer les données. « Pas une partie de plaisir, même quand on aime le basket ! », sourit celui qui a intégré l’équipe de statisticiens du PB en septembre. Ce type de « bug »
logiciel est heureusement rare. Mais l’épisode rappelle combien les statistiques ont une place prépondérante dans le basket.
« Tout percevoir
par nous-mêmes »
Car les équipes et la presse, sans oublier les parieurs sportifs, scrutent avec toujours plus d’attention les informations sur la feuille de match. « Aux Etats-Unis, cela fait très longtemps qu’elles sont déchiffrées, analysées, rappelle Théo Bonnard. Ce sont des indices fiables sur lesquels on peut se reposer, pour évaluer la performance, envisager un recrutement… » C’est tout le paradoxe de l’exercice : recueillir des données pour l’essentiel individuelles, isolées au milieu d’une prestation collective. Mais la vérité d’un duel demeure plus complexe à déchiffrer. « Un joueur peut présenter un faible ratio de tirs réussis et avoir mis des paniers compliqués et importants. Et ça, les stats ne le valorisent pas », tempère Sacha Pineau.
La Fédération française de basket est très pointilleuse sur la collecte des données. En cas de manquement avéré, comme un envoi trop tardif, les clubs s’exposent à des amendes. Et pour s’assurer que cette mission -bénévole- est bien faite, la FFBB impose aux équipes une formation de leurs statisticiens à sa solution logicielle. Au PB, ils sont au nombre de six. Trois à la table, lors des matchs à domicile : un « cliqueur » qui rentre les données en direct sur l’ordinateur, un « aboyeur » qui lui décrit les actions et un assistant qui peut compléter l’information. « On doit tout percevoir par nous-mêmes. Contrairement à la table de marque, nous n’avons aucun contact avec les arbitres, les joueurs et les staffs », explique Sacha Pineau. Mieux vaut être concentré. « Il y a une certaine pression, oui, convient Théo Bonnard. Mais on sent que notre travail est reconnu, utile à tout le monde. »