Aujourd'hui
Les candidats à l’élection présidentielle ont jusqu’au 4 mars pour recueillir les 500 signatures d’élus nécessaires. Les maires de la Vienne, ultra-sollicités, ne se bousculent pas au portillon pour différentes raisons, au grand dam des équipes de campagne.
36% en 2012, 34% en 2017, combien en 2022 ? A chaque élection présidentielle, c’est la même rengaine. Pas plus d’un tiers des élus habilités à le faire accordent leur parrainage à un candidat. Et encore, il y a cinq ans dans la Vienne, seuls quarante-neuf élus -maires, conseillers départementaux, régionaux, parlementaires- soit 14%, ont consenti à signer. « L’éclatement des partis fait que les candidats ont des difficultés à avoir des relais sur le terrain. Un parrainage veut bien dire qu’on soutient un candidat, ça a une signification forte pour les gens », remarque une fine observatrice de la vie politique locale. Surtout que les noms des « soutiens » sont publics.
« Je ne parrainerai personne, explique Emmanuel Bazile, le jeune maire de Bignoux. Pourtant, j’ai reçu beaucoup de monde en mairie et pas mal d’appels. J’ai fait le choix d’une liste apolitique avec des personnes d’horizons divers. Je ne me vois pas parrainer un candidat pour lequel je ne voterai pas. Je ne suis pas là pour faire de la politique mais pour rendre ma commune plus agréable et travailler avec tout le monde. » L’argument se tient et rejoint peu ou prou le discours de Véronique Wuytz-Lepareux, maire de L’Isle-Jourdain sans étiquette et ancienne conseillère départementale Macron-compatible. « Je l’avais parrainé en 2017, admet l’élue. Mais je n’ai plus envie de me marquer politiquement. L’anonymat ? Ça rendrait peut-être les choses plus simples, encore que... »
« Un filtre anti-démocratique »
En réalité, la fracture semble consommée entre les « premiers de corvée » et les candidats à la fonction suprême. Ce dont leurs représentants font les frais tous les jours sur le terrain, à l’image des soutiens de Philippe Poutou. En meeting à Poitiers jeudi dernier, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) avait carrément installé une table de parrainage pour que « le seul ouvrier au chômage candidat puisse se présenter ». « Aujourd’hui, on en est à 221 promesses. Il faut qu’on y arrive pour contourner ce filtre anti-démocratique. Et ce n’est pas parce qu’on ne peut pas gagner qu’on n’a pas le droit de se présenter ! »
Si les règles du jeu ne changeront pas d’ici au 30 janvier -500 « présentations », terme officiel, de 30 départements différents, clôture le 4 mars-, il n’est pas interdit de penser à une évolution à l’horizon 2027. A l’automne dernier, le groupe parlementaire des Insoumis a proposé un projet de loi organique pour que les citoyens (150 000 nécessaires) deviennent parrains. Mais la proposition a fait long feu. Les Zemmour, Le Pen et autre Mélenchon seront-ils pour autant privés du scrutin d’avril ? On n’en est pas encore là. « Le sujet est un peu tabou, admet un conseiller départemental de la majorité de droite. On n’en a pas parlé entre nous et, à titre personnel, j’attends aussi de voir les programmes des uns et des autres sur l’Europe, l’énergie... » Ce qui est certain, c’est que l’ombre de Zemmour et la crise sanitaire rendent l’exercice des parrainages encore plus délicat.
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