Aujourd'hui
Depuis la rentrée, le variant Omicron est si contagieux que des dizaines d’enseignants doivent quitter leur poste. Difficile de remplacer tout le monde. Chaque jour, environ 60 classes sont fermées dans la Vienne, faute de profs.
La situation est particulièrement tendue dans les écoles depuis la rentrée. Le variant Omicron fait des ravages dans les effectifs d’élèves mais aussi parmi les enseignants. Si elle apparaît moins dangereuse pour les personnes vaccinées, cette nouvelle mouture de la Covid-19 tient les maîtres et maîtresses éloignés de leur classe plusieurs jours. Idem si ces derniers doivent garder isolés leurs propres enfants contaminés ou cas contact… La règle est la suivante : comme pour le reste de la population, si le schéma vaccinal est complet, les professeurs cas contact réalisent des autotests réguliers et retournent en classe tant que le résultat est négatif. Dans le cas contraire, c’est le retrait.
Et là débute la galère ! Les inspecteurs de circonscription sont chargés de trouver des remplaçants dans l’urgence. Problème, dans la situation actuelle, la Vienne est confrontée à une double difficulté. Déjà, le nombre particulièrement important de personnels à remplacer. Mais ce n’est pas tout. « Le ministère a autorisé le recrutement de contractuels supplémentaires, sauf qu’on ne trouve pas suffisamment de volontaires qualifiés pour être mis en responsabilité devant une classe », souligne l’un des inspecteurs de la Vienne, qui est donc contraint d’« effectuer tous les jours des arbitrages entre les écoles ». Chaque jour, « environ 60 classes » restent fermées dans la Vienne, faute de remplaçants, indique le directeur académique des services de l’Education nationale (Dasen). Fabrice Barthélémy confirme ainsi les chiffres du SE-Unsa 86 qui a même observé un pic à « 78 classes ».
Les acquis de la grève
S’il a conscience du problème, le Dasen relativise néanmoins : « La Vienne compte plus de 1 500 classes, l’école est donc massivement ouverte. » Avant de poursuivre : « L’objectif c’est de garder l’enfant au petit matin, avec l’aide des personnels des collectivités, pour que les parents aient le temps de se retourner. » Sauf que les mairies rencontrent désormais les mêmes soucis d’absentéisme. Et bien sûr, impossible de répartir les élèves dans d’autres classes.
Le remplacement des enseignants s’apparente à un véritable casse-tête pour tout le monde, à commencer par les directeurs d’école. Au soir de la grève mémorable du 13 janvier, le ministre Blanquer a autorisé le recours aux candidats restés sur les listes complémentaires des concours de l’enseignement, reprenant ainsi une proposition de l’intersyndicale. « Ce sont des personnels qualifiés qui ont eu le concours mais trop loin dans le classement par rapport aux besoins du moment », précise son porte-parole. En coulisses, on attend avec impatience la fin de la cinquième vague.
L’annonce a surpris pas mal d’enseignants de la Vienne. La campagne de tests salivaires organisée depuis près d’un an dans les écoles du département a été suspendue. « Nous sommes complètement hallucinés par cette décision, indique un professeur des écoles poitevin. Les nouveaux protocoles préconisent les autotests peu fiables mais autant invasifs et rébarbatifs pour les enfants que les test PCR et antigéniques. Et quand une campagne générale de l’école, non anxiogène pour les enfants est prévue, programmée et préparée, elle est annulée. » Le Snuipp-FSU 86 a réagi immédiatement et « dénoncé un nouveau tour de passe-passe pour ne pas faire face à la réalité de la circulation du virus dans les écoles de la Vienne et l’abandon des équipes seules dans la gestion de la crise sanitaire ». Un argument que réfute totalement Fabrice Barthélémy. Le nouveau directeur des services de l’Education nationale pour la Vienne, arrivé en décembre, a délibérément choisi de réorienter la mission des médiateurs de lutte anti-Covid pour les affecter à une « cellule d’appui aux directeurs d’école » (8 personnes) : « Elle est chargée de répondre aux questions des directeurs sur les évolutions du protocole. Eventuellement, elle peut aussi communiquer directement avec les familles pour transmettre les consignes de l’école si un cas est avéré dans une classe. » Les tests salivaires pourraient reprendre après la 5e vague.
Retrouvez le témoignage de Francette Popineau, directrice de l'école maternelle Tony-Lainé à Poitiers dans notre émission 7 à la Une :
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