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Fondée l’an dernier à Poitiers, La coloc drag est une compagnie artistique composée de trois jeunes drag queens. Très actif sur les réseaux sociaux, le collectif œuvre à rendre visible cette discipline souvent raillée, qui s’affranchit des codes du genre.
Elles se font appeler par leur nom de scène. Khalo, Luna Sangre et Luna Light -chacune la vingtaine- sont des drag queens, des artistes qui se produisent travesties en femmes. Avec leurs talons (très) hauts, leurs costumes extravagants et leur maquillage abondant, elles ne passent pas inaperçues. « Être drag queen, c’est reprendre à l’extrême les caractéristiques du genre féminin, au point que cela devienne un spectacle burlesque », explique Khalo.
Un spectacle qui mêle chant, danse, théâtre… « Le drag réunit toutes nos passions en une », ajoute Khalo. Autrefois réservées aux mondes de la fête et de la nuit, ces performances queer aspirent désormais à investir l’espace public. Comme l’ont fait les trois coloc’, l’été dernier, dans les rues de Poitiers. « Nos happenings ont attiré jusqu’à 300 personnes, nous avons pu communiquer avec un public varié. » Et ainsi mieux faire connaître une discipline encore souvent raillée, source de fantasmes et, malheureusement parfois, de réactions agressives. « On se sent moins en insécurité ici que dans les grandes villes. »
Un documentaire à venir
La diffusion du show télévisé RuPaul’s Drag Race, sur la plateforme Netflix, a changé la donne ces dernières années. « Cette émission m’a enlevé des clichés que j’avais moi-même sur le drag », confie Luna Light. « C’est un art politique visant à montrer qu’il y a plusieurs modèles de genres : des non-binaires, des transgenres, etc., présente Khalo. Ça commence à déferler tout doucement en France. » A Poitiers, les trois amies ont découvert une communauté riche mais relativement discrète. « Nous, on veut amener le drag là où politiquement on ne l’attend pas. » C’est ainsi qu’elles ont créé courant 2021 leur compagnie baptisée La coloc drag.
Dans leur volonté de « faire bouger les choses », elles diffuseront à la fin du mois sur le Web un documentaire sur la représentation des queers en Europe. « Le Parlement a adopté l’an dernier une résolution proclamant l’Union européenne en zone « LGBT free » en réponse aux zones sans idéologies LGBT apparues en Pologne. Partant du principe que cela n’avait rien changé à nos vies, on a voulu aller à la rencontre d’autres artistes en France et en Allemagne pour constituer une base d’informations sur la jeunesse queer et LGBT. » Réalisée dans le cadre du défi écoresponsable célébrant les 60 ans du jumelage entre Poitiers et Marbourg, cette vidéo sera promue sur les différents supports de communication de la Ville. « Son soutien est très important. » Comme nombre d’artistes, Khalo, Luna Sangre et Luna Light n’aspirent désormais qu’à retrouver la scène pour pouvoir continuer à vivre de leur art et véhiculer des valeurs d’inclusivité, dans l’esprit festif propre au drag.
DR - La Coloc Drag
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