Maxime Schmitt sur la trace des primates

Maxime Schmitt. 25 ans. Jeune Châtelleraudais en mission en Côte-d’Ivoire depuis un an. Passionné par les primates, l’Afrique, la nature. A l’audace de vivre ses rêves.

Claire Brugier

Le7.info

L’exposition visible depuis septembre dans le hall du 4, à Châtellerault, attendait son auteur pour déménager vers d’autres lieux du département, mais le décrochage est reporté à une date indéterminée... Maxime Schmitt est loin, exilé volontaire sur le continent de ses rêves. 
« Mon contrat devait se terminer en novembre mais il a été renouvelé ! », s’enthousiasme l’intéressé depuis Taï, un village situé dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, non loin de la frontière libérienne. Dans ce parc national qui abrite l’une des plus grandes forêts primaires du continent africain, le jeune Châtelleraudais de 25 ans a trouvé un territoire à la mesure de sa passion pour les primates. Non pas que la nature locale ne l’intéresse pas. 
« Tout petit je vagabondais dans la campagne et les villages autour de Châtellerault, en forêt de Moulière, dans la réserve du Pinail… Mon père m’emmenait au brame du cerf, à la pêche », raconte-t-il. Seulement voilà, depuis sa plus tendre enfance, Maxime est « amoureux des gorilles ». « Je suis né en 96 et le Tarzan de Disney est sorti en 99. C’est le tout premier film que j’ai vu au cinéma et je n’ai jamais décroché. En grandissant, j’ai continué à vadrouiller, en élargissant mon terrain d’exploration. » Et en approfondissant ses connaissances via un BTS gestion et protection de la nature. Dans le Loir-et-Cher… Les primates étaient encore loin, des yeux, jamais du cœur. « Le BTS a conforté mon engagement pour la nature, même s’il n’était pas du tout axé sur le milieu tropical, convient l’ancien étudiant. Mais mon objectif a toujours été de travailler avec les primates sauvages sur le continent africain. »

Australie, Asie, 
Côte d’Ivoire

Avant d’atterrir en Côte d’Ivoire, Maxime a fait des incursions sous d’autres latitudes, en Australie pendant un an, en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Vietnam, Sri Lanka) pendant plusieurs mois avec, en tête, « un projet d’atlas photo de primates ». Puis il s’est posé à Paris le temps d’une formation en primatologie au Muséum d’histoire naturelle, jusqu’à cette offre d’emploi comme « superviseur d’une équipe d’éco-guides du parc national de Taï », en décembre 2020, en plein confinement. Il n’y a pas de hasard. 
« C’est rare de voir un jeune aussi motivé », confie Aïssa Kandila. L’animateur du 4 suit Maxime depuis que le jeune aventurier, porté par une détermination sans faille et le soutien de sa famille et de ses amis, a frappé à sa porte pour réaliser ses envies de nature exotique. « Maxime est quelqu’un qui vit ses rêves et se bat pour les réaliser. Son parcours peut vraiment être inspirant pour la jeunesse du territoire. »

Depuis un an, le jeune naturaliste partage donc le quotidien des éco-guides du parc national de Taï. « Ils ont habitué des singes mangabeys à la présence humaine pour pouvoir les présenter aux touristes, explique-t-il. Cela peut paraître étrange mais cela permet de protéger leur territoire du braconnage. Et il y en a énormément dans la région ! » La recherche d’un groupe de chimpanzés qui occupe actuellement son quotidien répond aux mêmes objectifs. Deux à trois fois par mois, Maxime part pendant huit à dix jours, en mode bivouac. « On suit les animaux tous les jours, à pied, dans la forêt, pour qu’ils nous considèrent comme faisant partie du décor. Entre nous, on les a nommés, on a même nos préférés, mais on évite tout contact visuel, on ne les nourrit pas, on ne les soigne pas, on laisse faire la nature. » Au fil du temps, il a appris à reconnaître les fruits dont ils sont friands, à écouter leurs vocalisations ou leurs tambourinages sur des racines… « Ce qui devait être une étape est devenu un objectif. » Les gorilles du Nigeria, du Cameroun, du Gabon ou de l’Ouganda attendront encore un peu.

Ecologie

Maxime est tout entier dévoué à sa mission. Quand, pendant les temps d’écoute en forêt, il lit, ce sont « quelques biographies scientifiques, de temps en temps des romans, mais surtout des guides de reconnaissance de la faune locale ». Lorsqu’il rentre au village, il rédige ses rapports, met à jour la cartographie, sort parfois faire des photos d’oiseaux, réservant le silence de ses crayons et de ses pinceaux d’aquarelle pour les primates. Comme ces derniers, le dessin naturaliste l’a suivi depuis l’enfance. Les deux se retrouvent sur sa peau sous la forme de tatouages qu’il crayonne lui-même. « Tous mes tatoos sont en hommage à ma passion », confie-t-il. 


Maxime vit nature, pense nature, mais avec sagesse et mesure. En France, il est végétarien « pour éviter d’encourager la production de viande d’élevage industrielle ». 
En Côte d’Ivoire, elle lui donne l’énergie pour crapahuter toute la journée en forêt, sous 35°C. « Ici, les problématiques écologiques sont plus celles de la viande de brousse et de la déforestation », 
rappelle-t-il. Il a beau courir après son rêve de tropiques, le jeune homme garde les pieds sur terre. « Evidemment, les parcours de Dian Fossey, Jane Goodall, Sabrina Krief m’ont inspiré car elles ont été des précurseuses. Mais aujourd’hui beaucoup de choses ont changé au niveau éthique. J’ai juste envie d’être dans la forêt tropicale, de participer à la protection des primates, pouvoir les observer, les connaître mais en restant inconnu à leurs yeux. L’image de Dian Fossey allongée au milieu des gorilles à se faire épouiller, non. »

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