Le lycée Saint-Jacques-de-Compostelle à Poitiers propose désormais un bachelor d’éco-manager. Ce nouveau métier a vocation à doper la transition écologique des acteurs économiques et à les inscrire dans une démarche de responsabilité sociétale.
Ce mardi-là, au premier étage du lycée Saint-Jacques-de-Compostelle de Poitiers, une dizaine d’étudiants se concertent autour d’une table. La consigne ?
Reconstituer la fresque du climat en positionnant des cartes sur une chaîne de conséquences. « Cet outil, diffusé par l’association du même nom depuis 2018, est très utilisé pour aider à comprendre l’impact de l’activité humaine sur le changement climatique », précise Baptiste Cantinolle. Consultant indépendant, il intervient devant les élèves du bachelor éco-manager en tant qu’expert en responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Tous ont bien compris les enjeux. « Les êtres humains sont responsables du problème et d’autres humains subissent les conséquences à travers la famine et les conflits »,
relève Morgane. « Cet exercice redonne les définitions exactes de phénomènes dont on entend parler aux infos », poursuit Marie-Joëlle. Une fois le constat posé, à eux de proposer des actions. Et ça tombe bien, c’est justement ce qu’ils auront à faire une fois en poste.
A la recherche
de valeurs
Ce nouveau parcours de niveau bac+3 a vocation à former de futurs cadres sensibles aux dix-sept objectifs du développement durable adoptés par l’ONU en 2015. « Les étudiants sont recrutés sur leur motivation, explique Isabelle Morin, responsable de la communication de l’établissement privé implanté dans le quartier de Saint-Eloi. Ils peuvent venir de différents BTS, du commerce international aux métiers de l’eau en passant par la comptabilité ou les géosciences. Ce bachelor va colorer leur parcours avec une compétence complémentaire. » Idéal pour les PME et les associations qui n’ont pas les moyens de dédier un salarié à plein temps à cette mission.
« Le temps manque souvent aux dirigeants pour faire évoluer leur stratégie, estime Baptiste Cantinolle. Ces futurs professionnels devront être associés à la démarche, pouvoir dialoguer avec tous les services et établir un diagnostic d’impact. » Pour cela, ils disposent d’une palette d’outils allant du bilan carbone à l’analyse du cycle de vie des produits, en passant par des techniques de communication afin de guider leurs futurs collègues vers le changement. Autant d’éléments qu’ils mettront vite en pratique durant leur stage de cinq mois en entreprise. Tri des déchets, covoiturage… Bien sûr ! Mais au-delà, le processus peut aller jusqu’au changement de fournisseurs ou de matières premières.
Une chose est sûre, la pression réglementaire pousse progressivement les acteurs économiques vers le respect de la RSE (exprimé à travers la norme Iso 26 000). Pour l’employeur, cette dimension est aussi importante en termes d’image et de ressources humaines. « Les salariés sont de plus en plus à la recherche de valeurs », assure l’expert. Du côté des étudiants de cette première promotion en tout cas, ça ne fait aucun doute.