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Le passage d’un loup à Marçay, le 28 novembre, a rappelé à tous que ces canidés légendaires (et protégés) circulent librement en France. Une équipe de chercheurs poitevins veille à préparer les esprits à l’installation possible d’une meute dans la Vienne.
Il est passé par ici, il repassera forcément par là. Le 28 novembre dernier, vers 18h, un loup gris a été observé à Marçay, au sud-est de Poitiers. Depuis leur voiture, Audrey, Jérôme et Timéo, habitants de la commune, ont filmé l’animal qui a pu être officiellement identifié par l’Office français de la biodiversité. « Ce type d’observation fortuite et isolée du loup a souvent lieu à l’automne et en début d’hiver, a très vite précisé la préfecture. Cette saison correspond à une étape importante du cycle biologique de l’espèce. » « Ce sont des disperseurs, des pionniers, poursuit Farid Benhammou, professeur de géographie à Poitiers, spécialiste du loup. Ils quittent la meute quand le gibier vient à manquer pour s’établir ailleurs. Cet individu n’est peut-être que de passage dans la Vienne, comme récemment en Touraine ou en Vendée... Il peut parcourir 80km en 24 heures. »
Il s’agit du deuxième spécimen aperçu dans le département, après la découverte d’une dépouille, le 17 mars dernier, sur la commune de Lathus-Saint-Rémy, à proximité d’une voie ferrée. De là à dire qu’une meute serait sur le point de s’installer dans la Vienne, il y a un gouffre que personne ne franchit pour le moment. Toujours est-il qu’une équipe de chercheurs poitevins a entrepris d’anticiper le retour du loup en se focalisant plus précisément sur le sud-Vienne. « Ce territoire, où l’élevage ovin est important, est encore marqué par la présence du loup au début du XXe siècle aussi bien historiquement que culturellement », souligne Elodie Massiot. Après un master de géographie, cette étudiante de 28 ans s’apprête à démarrer une thèse au sein du laboratoire universitaire Ruralités, à Poitiers. Un premier master en écologie l’a amenée à étudier les éléphants en Thaïlande. Mais par la suite, elle s’est concentrée sur l’impact de l’activité humaine sur la faune sauvage et inversement.
Eviter les crispations
Sous la direction de Farid Benhammou et de Patrick Degeorges, expert de la gestion des conflits avec les grands prédateurs, Elodie Massiot vient de terminer un diagnostic territorial dans le Montmorillonais. Pour cela, elle a rencontré pas moins d’une quarantaine d’acteurs concernés : éleveurs, syndicats agricoles, chasseurs, associations de protection de l’environnement, office de tourisme, CPA de Lathus, associations de randonneurs… « Certains ne veulent pas du loup, d’autres s’y préparent déjà. L’idée, c’est d’anticiper avant que des crispations n’empêchent toute communication. » Les éleveurs ont évidemment le plus à perdre. Ils ont intérêt à investir dans des clôtures et des chiens de défense, sans pour autant gêner les promeneurs… C’est pourquoi le dialogue est essentiel.
Protection, formation, médiation… La thèse d’Elodie Massiot a pour but d’ouvrir le champ des possibles. Elle a aussi vocation à préserver le loup dont le nombre -autour de 600- augmente toujours depuis leur réintroduction, mais à un rythme moins fort ces dernières années (+8% par an). Pour mémoire, le loup est une espèce protégée, le tuer expose à des sanctions pénales.
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jeudi 21 novembre