COP26 : la voix poitevine des collectivités

C’est en tant que représentante des collectivités, nationales et internationales, que Léonore Moncond’huy participe cette semaine à la COP26. La maire de Poitiers emporte dans ses bagages des exemples de solutions locales et des attentes beaucoup plus larges.

Claire Brugier

Le7.info

Poitiers-Glasgow, 1 400 km. Léonore Moncond’huy a choisi de les parcourir en train pour participer cette semaine à la COP26, la Conférence des Nations unies sur le changement climatique. Dans le concert de voix qui s’élèvent depuis le 
1er novembre de la ville écossaise, la maire de Poitiers, en tant que vice-présidente en charge de la question climatique de Cités Unies France et porte-parole de l’association des Cités gouvernements locaux unis (CGLU), a pour mission de faire entendre celle des collectivités. Son plaidoyer est prêt, légitimé par une réalité simple : « C’est sur les collectivités que repose la mise en œuvre de solutions pour réduire l’impact carbone, protéger les populations lors d’inondations, d’incendies…, rappelle l’élue poitevine. C’est pourquoi nous plaidons pour qu’elles aient une place dans la gouvernance liée au climat. »

« Notre taille de ville est une opportunité »

Actuellement, les collectivités restent « dépendantes des cadres nationaux, surtout lorsqu’ils n’existent pas…, déplore l’élue. Par exemple la Politique agricole commune telle qu’elle existe n’envoie pas de signal clair en faveur de l’agriculture biologique ».

A défaut, les collectivités peuvent, à leur échelle, initier des solutions. « Le cadre national nous limite mais notre taille de ville intermédiaire est aussi une opportunité. Nous avons des atouts par rapport à des métropoles comme Bordeaux, Paris ou Lyon qui sont peu agiles et dont l’autonomie est limitée pour assurer la sécurité énergétique, alimentaire ou autre de leur population. A Poitiers et Grand Poitiers, avec le plan alimentaire territorial, nous nous sommes fixé l’objectif de 100% de bio et local dans la restauration scolaire avant la fin de notre mandat, avance l’élue. Et d’ici quelques mois, nous aurons sorti notre système de transports publics du diesel grâce aux bus au bio-gaz. »

Gestion de crise et résilience

Malheureusement, un mandat n’y suffit souvent pas. « En ce sens, la crise est en partie imputable au court-termisme des politiques. Dans la problématique du réchauffement climatique, il y a deux manières de s’adapter, la gestion de crise et la résilience, mais elles ne sont pas assez présentes dans les discours et financements associés. Nous avons besoin de moyens, financiers mais aussi humains et de formation pour mener à bien la construction de la résilience d’un territoire, assène la maire qui souhaite développer, au sein des services de la Ville, une mission Résilience et gestion de crise.


Pour ce qui est d’héritages parfois controversés (aéroport, éolien, nucléaire, bassines…), Léonore Moncond’huy reste pragmatique. « De manière générale, le rôle des collectivités est d’identifier les points de vulnérabilité du territoire et de construire des réponses. Concernant Civaux, par exemple, la centrale est là et restera. Notre rôle est de nous interroger sur la façon de protéger nos habitants des éventuels accidents, dans un contexte rendu plus dangereux par le réchauffement climatique. »

Lieu d’échanges internationaux, la COP26 peut aussi ouvrir sur 
« des réciprocités nouvelles ». 
« Pour Moundou, ville avec laquelle Poitiers est jumelée au Tchad, le changement climatique n’est pas une perspective ; 
elle est déjà confrontée à la désertification. Nous pourrions par exemple nous inspirer des techniques agricoles utilisées dans des milieux plus hostiles pour accompagner nos propres pratiques. Cela peut remettre une forme d’égalité dans les relations internationales. »

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