Fonderies : s’il n’en reste qu’une…

La fonderie aluminium d’Ingrandes-sur-Vienne doit préparer la diversification de sa production sans avoir la certitude de survivre au 23 avril. Il faut qu’un repreneur se manifeste de toute urgence.

Claire Brugier

Le7.info

La fonderie aluminium d’Ingrandes-sur-Vienne n’entend pas subir le même sort que sa voisine la fonte, liquidée le 31 juillet dernier faute de débouchés, de repreneur, d’une reconversion anticipée… Placées simultanément en redressement judiciaire le 
20 avril, les deux usines ont partagé une histoire commune, a fortiori depuis leur reprise par Liberty le 2 mai 2019. Ces deux dernières années, les salariés se sont souvent retrouvés sur le parking pour des assemblées partagées. Désormais, les 330 fondeurs de l’aluminium, dont une cinquantaine d’intérimaires, mènent seuls le combat. Mardi dernier, le tribunal de commerce de Paris a prolongé la période d’observation jusqu’au 23 avril 2022 et il a reporté la date limite de dépôt des offres de reprise au 10 janvier. Un sursis qui n’efface pas l’urgence de la situation. Sans repreneur, point de salut. « Il faut aller très vite, lance Jean-Philippe Juin, délégué CGT. Cela fait déjà six mois que l’on attend, la situation commence à se tendre. »

Pour accélérer le processus, le cabinet allemand Roland Berger, mandaté par l’Etat pour effectuer une étude stratégique sur l’entreprise, a été chargé de prospecter de potentiels repreneurs hors Europe, du côté de la Chine, de l’Inde et des Etats-Unis.

26M€ sur cinq ans

En attendant, l’usine continue d’honorer les commandes de culasses HR10 pour Renault, qui a accepté de financer pour 1,6M€ le montage et les réglages d’une quatrième machine à mouler, jusqu’alors stockée en pièces détachées.


La Région Nouvelle-Aquitaine a annoncé 360 000€ pour la remise en état de la machine qui doit servir à fabriquer les premières pièces, mais sa capacité n’excèdera pas 140 000 par an. « Il faudra ensuite investir dans des machines capables de sortir jusqu’à 400 000 pièces par an. » 
Budget : 1,2M€ par machine, 3 à 4M€ en comptant les annexes. « Sur cinq ans, le cabinet Roland Berger a estimé qu’en additionnant investissements, pertes intercalaires et fonds de roulement, il faudrait injecter 26M€, rapporte Jean-Philippe Juin. Dont 4 à 5M€ à la charge du repreneur potentiel. » L’usine a aussi été contactée par un fabriquant anglais de moteurs électriques. Elle a présenté des prototypes en attendant l’attribution ou non du marché, en février prochain. Coté effectifs, hormis quelques départs de salariés sur des métiers particulièrement en tension dans le bassin châtelleraudais (agent de maintenance, technicien qualité…), une quarantaine de départs en retraite sont prévus en 2022-2023.

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