Nom d’un petit cochon bio !

L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) a installé à Rouillé la seule station française de porcs bio en bâtiment. L’objectif est d’améliorer ce type d’élevage en apportant des réponses, notamment à la mortalité des porcelets avant sevrage.

Claire Brugier

Le7.info

Le saviez-vous ? La Vienne abrite à Rouillé le seul site d’élevage de porcs bio en bâtiment. Cette unité de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), baptisée Porganic, a été spécialement conçue dans le respect du bien-être animal. De la paille fraîche, de la lumière naturelle, des dômes chauffés et des zones d’exercice sous forme de courettes… Même l’odeur n’y est pas ! La station, qui rassemble 48 truies reproductrices Large White et jusqu’à 480 porcelets, doit servir à faire progresser l’élevage porcin bio, évaluer ce qui fonctionne ou pas et expérimenter des solutions.

Sur le site rullicois, à quelques mètres des bâtiments construits conformément au cahier des charges bio, une station 
« en conventionnel », reconnaissable à ses caillebotis en ciment, offre la comparaison. 
« Cette mixité bio/non bio n’est possible que dans le cadre expérimental. C’est ce qui fait la richesse de notre dispositif », explique Stéphane Ferchaud, ingénieur d’étude et responsable du site. En France, seules 1,8% des truies sont élevées en bio, soit 17 500.

Un sevrage à 49 jours

L’un des enjeux majeurs de l’élevage porcin est la mortalité avant sevrage. Et selon un système bio où le porc ne peut recevoir qu’un seul traitement antibiotique ou anti-inflammatoire au cours de sa vie, sous peine de ne plus être catégorisé bio, l’objectif est d’éviter qu’il tombe malade. Pour ce faire, « tous les porcs reçoivent une injection de fer à la naissance, pour éviter les anémies. Et nous pratiquons un sevrage à 49 jours, contre 21 ou 
28 jours dans un élevage standard. » Ce que cela change ? « Les porcs sont plus vieux lorsqu’on les met à l’engraissement, donc plus lourds -autour de 15kg- et plus matures au niveau digestif. Ils ont aussi développé une plus forte immunité et ils ont eu un meilleur apprentissage au contact de leur mère, analyse Stéphane Ferchaud. Ils prennent 500g par jour, et à trois semaines 900g par jour. » A 6 mois, ils pèsent environ 125kg.

En post-sevrage, la mortalité est donc faible (1%), mais elle reste très élevée dans les premiers jours (de l’ordre de 25%), et supérieure à un élevage en conventionnel. La température, moins régulée en bio, peut fragiliser les petits. Libre, leur mère peut les écraser par inadvertance… « C’est pourquoi on essaie aussi d’identifier les truies les plus attentives. »

D’autres études sont en cours, sur la présence dans la salive de cortisol, révélateur de stress, sur la relation homme-animal, sur des alternatives à base de plantes aux traitements hormonaux… De tests en observations, la station porcine bio de Rouillé, créée en 2019, n’en est qu’à ses débuts. Le programme européen de sélection des porcs et des volailles (Ppilow) dans lequel elle a inscrit ses recherches s’étend jusqu’en 2025. Les premiers résultats seront publiés début 2022. Côté production, les premiers porcs bio ont été vendus en septembre 2020.

Retrouvez sur YouTube la
« présentation de la station porcine biologique de l’Inrae (Rouillé 86) ».

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