En attribuant à l’EPS les bons résultats des équipes olympiques de sports co, le ministre Blanquer a relancé le débat sur la place du sport à l’école. A l’aube de Paris 2024, les dispositifs se multiplient dans la Vienne pour faire découvrir des disciplines aux élèves.
Ils se sont enfin parlé. Le 5 septembre, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer et le basketteur Evan Fournier, ancien joueur du PB86, se sont rencontrés à Paris pour échanger sur la place du sport à l’école et son avenir. « C’était constructif et intéressant ! », a souligné l’arrière des New York Knicks sur Twitter. Quelques semaines plus tôt, sur ce même réseau social, l’athlète de 28 ans avait repris de volée le ministre qui attribuait les bons résultats des équipes olympiques de sports co à « la qualité de l’enseignement de ces sports à l’école ». « Ne nous y trompons pas, la place du sport à l’école est dérisoire », avait tancé Fournier, fils d’enseignants en… EPS.
Kayakiste de haut niveau, remplaçante à Tokyo et professeure des écoles dans l’académie de Poitiers, Claire Bren se dit « partagée » dans ce débat. « Le kayak est un sport que j’ai découvert à l’école. Je ne serais peut-être pas devenue sportive de haut niveau sans cette initiation. Mais ce n’est pas ce qui m’a poussée à faire de la compétition non plus. » Du côté des syndicats d’enseignants, une chose est sûre, la vocation de l’EPS « n’est pas de former des champions », mais plutôt de favoriser le vivre-ensemble, la santé et le goût de l’effort. « On s’adresse à tous, on est plus dans l’intégration que dans la sélection »,
insiste Valérie Soumaille du Snep-FSU. « On doit faire en sorte que les jeunes gardent une bonne hygiène de vie une fois adultes », poursuit Magali Jousseaume-Montel du SE-Unsa. Evidemment, l’essor de certaines disciplines comme le volley, le hand ou le badminton, presque invisibles à la télé, est en partie dû aux cours d’EPS (entre trois et quatre heures au collège, deux heures au lycée). Mais pour la compétition, place aux clubs ! Et des passerelles existent.
Vers plus de partenariats
C’est l’une des particularités de la Vienne… Des conventions ont été signées entre l’inspection académique, le Comité départemental olympique et sportif et les dix-neuf plus grandes fédérations sportives. Le but ? Rapprocher deux univers. Des coachs et athlètes de haut niveau interviennent par exemple durant les heures d’UNSS (Union nationale du sport scolaire). Ces « fédés » forment volontiers les enseignants pour qu’ils intègrent la discipline en question dans leurs cours. Et puis, les prochains Jeux olympiques de Paris ouvrent de nouvelles opportunités. 41 établissements de la Vienne (193 dans l’académie) sont désormais labellisés « Génération 2024 ». Comme l’école Paul-Cézanne, à Civaux. En partenariat avec le comité départemental de tennis, son directeur Tony Dubois a invité l’année dernière la joueuse professionnelle Lou Brouleau pour qu’elle partage son parcours d’athlète. Résultat, plusieurs enfants se sont inscrits en club dans les mois suivants. D’autres opérations associant les sports paralympiques sont dans les cartons. « Le but n’est pas de s’essouffler, mais de continuer jusqu’en 2024 », précise-t-il.
Plusieurs lycées de la Vienne disposent de pôles espoirs co-animés par le monde fédéral, comme l’athlétisme à Camille-Guérin, le judo à Isaac-de-l’Etoile ou le hand au Bois- d’Amour. D’autres ont lancé une « section sportive scolaire » en partenariat avec un club voisin. Les fédérations sont de plus en plus impliquées dans l’école pour qu’études et sport de haut niveau deviennent compatibles. Mais entre la pression des sponsors qui s’exerce très tôt et le temps inextensible, rien n’est gagné.