Hier
Le premier Regard de cette saison est signée Paul Dequidt. A lire d'urgence.
Quand on commence à s’intéresser aux questions écologiques, on passe par plusieurs prises de conscience successives. Ce sont parfois de petits éléments simples, mais qui manquaient à une compréhension globale. Quand cela vous arrive, c’est comme l’effet d’un cliquet mécanique : une fois que l’on a pris conscience de quelque chose, c’est difficile de revenir en arrière. Et le déclencheur peut être une phrase, un ordre de grandeur, une interaction entre un élément et un autre, voire une simple pensée. Par exemple, les fameux « deux degrés » de réchauffement climatique à ne pas franchir avant 2100. On pourrait penser, pour caricaturer, qu’il s’agit juste d’un pull en moins. Nous connaissons entre l’hiver et l’été des variations de 30 à 40 degrés ! Mais ces deux degrés-là sont des variations moyennes, dont l’ordre de grandeur, si l’on se fie à nos sens, nous échappe.
Vous avez peut-être entendu ce discours : la dernière ère glaciaire, il y a environ 20 000 ans, dessine une Europe congelée, désertique et recouverte de glaciers immenses. Entre ce paysage et notre époque moderne, la différence en « degrés moyens » n’est pas de 10, 20 ou 40 degrés, mais seulement de cinq petits degrés ! Et quelques millénaires. Notre réchauffement à nous est déjà de plus d’un degré en moins de deux siècles, selon le dernier rapport du Giec(*) paru ce mois-ci. Alors, ce qui m’a interpellé récemment, ce ne sont pas les chiffres, mais plutôt un ressenti. L’été est le temps des « marronniers » dans le monde médiatique. On meuble une période creuse par des sujets récurrents. Et j’ai eu le sentiment, cette année, que les méga-feux que nous avons vus aux quatre coins du globe devenaient les nouveaux marronniers estivaux. Accompagnés de cette étrange pensée : « jusqu’à la fin de ma vie désormais, les étés seront chauds et il y aura des feux. » C’est quelque chose qui ne devrait pas être et qui pourtant est, et semble s’installer comme une nouvelle routine. C’est l’été, ça brûle.
Mais il ne faudrait pas que cette conscience s’éteigne avec l’arrivée de jours plus frais. Car l’hiver change aussi, subtilement. De fait, que penserons-nous face à un février sans neige ? Flânant dans les ruelles, aurons-nous retrouvé l’insouciance, préparant les fêtes de Noël ? Quel élément saura alors nous ramener aux étés embrasés ? Pour moi, il est possible que, cette année, ce soit à nouveau la vue fumante des marrons chauds qui m’y fasse penser.
(*)Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
CV express
Docteur en Traitement du signal, une discipline entre la physique et l'informatique. J'ai travaillé sur l'étude de tumeurs cérébrales par intelligence artificielle. Passionné de neurosciences et de psychologie, j'aimerais que mes recherches permettent de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau. En 2021, j'ai remporté le concours national « Ma thèse en 180 secondes ». Un aboutissement pour moi qui ai beaucoup travaillé la communication !
J'aime : les sciences (dures et sociales), la rhétorique, la politique, les blagues, les couleurs vives et la tarte au citron.
Je n'aime pas : les mensonges, les façades, le climatoscepticisme ordinaire, l'individualisme et les bananes.
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jeudi 21 novembre