Mieux les élèves savent tracer des lettres, plus ils ont de facilités en orthographe. Des chercheurs en psychologie cognitive veulent confirmer cette théorie à l’école Charles-Perrault de Poitiers. Et appliquer de nouvelles méthodes pédagogiques avec les enseignants.
Denis Alamargot en est convaincu : les élèves les plus faibles en graphomotricité rencontrent le plus de difficulté en orthographe. La documentation scientifique s’étoffe de jour en jour sur ce point. Lui-même est chercheur en psychologie cognitive et directeur-adjoint du laboratoire Cognitions humaine et artificielle (Chart), rattaché à l’université de Paris-Est Créteil. Il a l’ambition de confirmer cette hypothèse et d’améliorer ainsi les méthodes d’apprentissage de l’écriture et de la rédaction de textes. Pendant trois ans, son équipe va donc accompagner les enseignants de l’école Charles-Perrault, à Poitiers (en Réseau d’éducation prioritaire), et avancer avec eux au fil des difficultés qu’ils rencontreront.
La théorie repose sur une idée simple : on ne peut pas faire deux choses à la fois… L’ancien Poitevin, membre du Centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage (Cerca) pendant plusieurs années, explique que « pour écrire un mot, les élèves doivent partager leur attention entre deux choses : les traitements orthographiques et le tracé des lettres. Ils vont alors faire des fautes d’orthographe, non pas par manque de connaissances mais parce que leur attention est détournée ». D’autre part, les plus jeunes utilisent uniquement leur vision pour former ces lettres. « Cela paraît naturel sauf qu’un adulte peut tracer des lettres sans regarder, simplement en utilisant le feedback visuel. » Résultat, c’est la double peine !
L’équipe du laboratoire Chart va évaluer les stratégies d’écriture des élèves de Charles-Perrault et observer notamment leurs mouvements oculaires grâce à des outils spécifiques. Rassurez-vous, ça ne fait pas mal ! Une première rencontre s’est déroulée la semaine dernière. « On s’inscrit dans une dynamique de recherche-accompagnement avec les enseignants, poursuit Denis Alamargot. L’idée consiste à s’asseoir côte à côté et à regarder les données pour envisager de nouvelles actions. » Comme chanter les lettres ou marcher dessus en Education physique et sportive. En automatisant plus rapidement le tracé des lettres, les élèves pourront fixer toute leur attention sur l’orthographe.