Mesure phare du gouvernement, le dédoublement des classes de CP et CE1 en Réseau d’éducation prioritaire (REP/REP+) est pleinement opérationnel. Malgré la crise sanitaire, les résultats sont encourageants.
Depuis la rentrée 2020, 100% des classes de CP et CE1 situées dans les Réseaux d’éducation prioritaire (Rep/Rep+) de l’académie sont dédoublées, ainsi qu’environ un tiers des grandes sections de maternelle. Autrement dit, 3 090 élèves apprennent à lire, écrire et compter en petits groupes de douze environ. Cette mesure phare du gouvernement, qui s’est mise progressivement en place à partir de 2017, est aussi l’une des rares à être saluée par une majorité d’enseignants et par les syndicats, même si le Snuipp86 réclame « un vrai bilan » et considère que cette réforme a été faite « à moyens constants ».
Dans les établissements concernés, les difficultés sociales et scolaires ont traditionnellement tendance à s’additionner, témoigne Pascale Chaussenery, directrice de l’école Charles-Perrault, dans le quartier des Couronneries à Poitiers : « Nous avons eu moins de violence cette année mais les difficultés pédagogiques demeurent car beaucoup d’enfants sont souvent empêchés d’apprendre par la situation familiale ou parce qu’ils n’ont pas d’espace à la maison. »
Les effets à long terme
Dans ce contexte, le travail en petits effectifs démontre un réel intérêt, selon Stéphane Dupuy, enseignant en CP : « Je connais mieux les élèves et détecte plus vite les difficultés qu’à 26 par classe. Logiquement, les solutions arrivent plus vite elles aussi. » Dans cette ambiance « très familiale » proche de « l’esprit maternelle », le professeur peut revoir en groupe certains points mal compris du programme. « Quand je dis à mes élèves qu’ils vont travailler en atelier, ils sont ravis car ils sont actifs et ne restent pas simplement à écouter, renchérit Isabelle Lièvre, enseignante de CE1, qui est parvenue à rattraper en début d’année le temps perdu pendant le premier confinement. Ceux en réussite vont se nourrir en autonomie sur d’autres ateliers. »
« Le dédoublement, c’est bien mais il faut nous laisser du temps pour voir les effets à long terme sur les élèves, conclut Stéphane Dupuy comme un appel. Trop souvent, les dispositifs innovants et prometteurs sont supprimés par le ministère avant même qu’ils aient produit leurs effets. » En attendant, une question va très vite se poser aux mairies de Poitiers et Châtellerault, alors que le dédoublement des grandes sections va commencer : les bâtiments seront-ils assez grands pour accueillir de nouvelles classes ?