
Aujourd'hui
Ô temps, suspends ton vol…
L'édito de la semaine est signée Nicolas Boursier.
En trois temps, le Conseil départemental a donc opté pour rehausser la vitesse sur les routes du territoire. Le 25 août 2020, la Commission départementale de sécurité routière (CDSR) avait déjà validé le retour à 90km/h -au lieu de 80- sur 195km, dont l’axe très accidentogène entre Poitiers et Loudun. Rebelote le 22 janvier dernier, avec cette fois 85km d’itinéraires concernés. Enfin, 149km ont subi le « même sort » à la mi-mai(*)... dans un relatif anonymat. Au total, la collectivité aura déboursé 130 000€ pour changer la signalétique. Le président du Département assure que l’opération s’est réalisée « sans dogmatisme. Nous le faisons là où c’est possible ». D’ailleurs, la collectivité s’en est tenue aux règles édictées par la CDSR.
Les études s’appuient en effet sur la densité et le taux d’accidents, calculés sur les cinq dernières années. « S’ils sont tous les deux inférieurs à la moyenne nationale, l’itinéraire présente un enjeu faible de sécurité routière et est proposé à un relèvement de la vitesse », ajoute le Département. Reste une question fondamentale : le passage à 80km/h a-t-il oui ou non permis de diminuer le nombre d’accidents, de blessés ou de morts sur les routes ?
A l’échelle nationale, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) a étudié la question sur une période de 20 mois, jusqu’en février 2020. « Sur les 20 mois consécutifs à la mise en œuvre de la mesure, le nombre de vies épargnées s’élève à 349, par rapport à la moyenne des cinq années précédentes 2013-2017 prises en référence », indique le Centre. En revanche, la mesure n’a « pas eu d’impact sur le nombre d’accidents corporels, qui est resté équivalent, mais a eu un effet sur leur gravité, le nombre de personnes tuées rapporté au nombre d’accidents sur le réseau considéré ayant baissé de 10% ».
Les effets du 80km/h sont d’autant plus difficiles à évaluer sur la durée que les confinements, à partir de mars 2020, ont faussé la donne. Et qu’il faut selon les scientifiques cinq ans pour les apprécier. N’empêche que la préfecture de la Vienne a noté un certain relâchement des comportements. Le nombre de retraits de permis pour excès de vitesse a ainsi grimpé de 14% l’an passé par rapport à 2019. En mars 2021, les accidents corporels (22) ont aussi grimpé en flèche au regard de 2019, où seuls 12 avaient été comptabilisés.
(*)Migné-Auxances-Lencloître (RD757, 19km), la limite Indre-et-Loire (RD749 et RD54, 82km), Montmorillon-Moulismes (RD729, 11km), Gençay-Pressac (RD741, 25km), Usson-du-Poitou-L’Isle-Jourdain (RD102, 12km).
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