Mais que fait le Département ?

Le premier tour des élections départementales a lieu dimanche. En 2015, le taux de participation avait été de 53,88%. Pourquoi aller voter ? Parce que l’action du Département influe sur la vie quotidienne. Petite revue de compétences, pour un budget total de 455,91M€.

Claire Brugier

Le7.info

L’action sociale

Le Département a en charge l’ensemble des prestations d’aide sociale et la gestion des allocations individuelles de solidarité. Ce poste, croissant, représente pas moins de 56% de son budget en 2021. Le Conseil départemental finance l’Aide sociale à l’enfance, la protection maternelle et infantile et le soutien aux familles en difficulté financière (58,50M€). De lui dépendent également les politiques d’hébergement et d’insertion sociale pour les personnes handicapées, la prestation de compensation du handicap (PCH), la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), pour un budget de 44,91M€. La création et la gestion de maisons de retraite, la politique de maintien à domicile des personnes âgées via l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), c’est aussi le Département, pour un montant de 63,98M€. Sans oublier la gestion du revenu de solidarité active (RSA).

Les collèges

Le Département a en charge l’entretien et le fonctionnement des 34 collèges de la Vienne (chauffage, téléphone, mobilier, etc.) et il en construit actuellement un 35e à Vouneuil-sous-Biard (20M€). Il finance également le fonctionnement et une partie de l’investissement des douze collèges privés. Au total, le programme d’investissement du Plan collège 2015-2025 s’élève à 141M€, dans lequel il faut aussi inclure la gestion des agents techniciens, ouvriers et de service (TOS), la restauration et l’hébergement des élèves, ainsi que le transport de ceux en situation de handicap.

Les infrastructures : voirie, aéroport et numérique

La réalisation et l’entretien des routes départementales reviennent au Département (25,31M€). Il est aussi membre, avec Grand Poitiers, du Syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers-Biard et participe à hauteur de 65% (1,4M€) au budget de l’équipement aérien. Par ailleurs, afin de résorber les zones blanches privées d’Internet haut débit, le Conseil départemental a élaboré un schéma d’aménagement du numérique avec une installation progressive de la fibre. En 2021, dix nouvelles communes seront raccordées pour 453 000€.

Le tourisme

Le Département élabore la stratégie touristique du territoire, en mettant en valeur l’offre touristique (156 000€), en soutenant les professionnels du tourisme (1,62M€) ou encore en revoyant la signalisation touristique (50 000€). Il est aussi à l’origine, depuis l’an dernier, de chèques tourisme de 50 à 120€ pour l’achat d’entrées, de repas ou de nuits d’hôtels. Budget total : 3,381M€ en 2021.


L’agriculture et l’environnement

Le Département a budgété 1,25M€ pour encourager une agriculture de proximité et une alimentation durable, à travers des initiatives comme la plateforme Agrilocal (46 000€) ou l’aide aux organismes agricoles (434 000€).

Mais aussi…

Le Département a également des compétences en matière de culture (bibliothèques de prêt, musée, archives…), de sécurité incendie par son financement à hauteur de presque 30% du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis), de protection de l’environnement et du patrimoine naturel (préservation des espaces naturels sensibles, zones Natura 2000, etc.). Il investit également dans des projets structurants comme le Futuroscope 2 (1,616M€), l’Arena (2,99M€) ou l’Historial du Poitou (1,5M€), via la Société anonyme d’économie mixte locale « SEML patrimoniale de la Vienne » dont il est l’actionnaire majoritaire (79%).

Les modalités du scrutin

Le département de la Vienne compte 19 cantons : Chasseneuil-sur-Poitou (1), Châtellerault-1 (2), Châtellerault-2 (3), Châtellerault-3 (4), Chauvigny (5), Civray (6), Jaunay-Clan (7), Loudun (8), Lusignan (9), Lussac-les-Châteaux (10), Migné-Auxances (11), Montmorillon (12), Poitiers -1 (13), Poitiers-2 (14), Poitiers-3 (15), Poitiers-4 (16), Poitiers-5 (17), Vivonne (18), Vouneuil-sous-Biard (19). Le nombre de sièges à pourvoir est de 38. Les conseillers départementaux sont élus pour 6 ans, selon la règle du binôme femme-homme. Chacun est élu au scrutin majoritaire à deux tours. Lors du premier tour, pour être élu un binôme doit obtenir au moins 50% des suffrages exprimés – la majorité absolue- et un nombre de suffrages égal au moins à 25% des électeurs inscrits. En 2015, seul le binôme Bruno belin-Marie-Jeanne Bellamy (Loudun) avait été élu au premier tour. Dans le cas contraire, un second tour est organisé entre les deux binômes arrivés en tête. Les autres peuvent se maintenir s’ils ont obtenu un nombre de suffrages au moins égal à 12,5% des électeurs inscrits. Est élu le binôme qui obtient le plus grand nombre de suffrages.

 

Un kaléidoscope de binômes

19 cantons, 67 binômes, des nouveaux, des sortants qui briguent un nouveau mandat, 12 élus qui ne se représentent pas… Hormis sur les cantons de Chasseneuil-du-Poitou où l’équation est simple, avec un classique duel gauche-droite entre le binôme sortant (Claude Eidelstein- Pascale Guittet) et un binôme Vienne en transition (Vincent Chenu-Valérie Marmin), le reste de l’échiquier politique départemental est plus complexe. La Vienne en transition, qui rassemble les forces de gauche à l’exception du Parti socialiste et de la France insoumise, est la seule formation à présenter 19 binômes. Le Rassemblement national, qui a connu plusieurs ballotages défavorables en 2015, en a placé 11, bien décidé à jouer une fois de plus les trouble-fête.

En 2015, l’Union de la droite (UMP-UDI-Modem) avait remporté 15 des 19 cantons, dont celui de Loudun (Bruno Belin-Marie-Jeanne-Bellamy) dès le premier tour. Un vrai raz-de-marée. Qu’en sera-t-il dimanche ? La Vienne en transition fera-t-elle mieux que la Vienne à gauche ? Saura-t-elle remporter plus que quatre cantons des cinq cantons de Poitiers ?

Devant le morcellement de ce côté-ci, des élus comme l’ancienne cheffe de file de Vienne à gauche Sandrine Martin et son binôme Etienne Royer ont préféré jeter l’éponge. D’autre comme Ludovic Devergne (Poitiers 2) ou Vincent Chenu (Migné-Auxances) ont délaissé le Parti socialiste pour prendre les couleurs de Vienne en transition. Des élus de gauche comme Isabelle Soulard (Poitiers 3) ont choisi de faire alliance plus à droite, en l’occurrence avec Pierre Goubault.

Et ce n’est guère plus lisible ailleurs. La co-listière d’Anthony Brottier sur Poitiers, en binôme avec l’adjoint au maire de Buxerolle Gilles Thinon, sera soutenue par la majorité départementale tandis qu’une lutte « fratricide » s’annonce sur Poitiers 1 entre le binôme d’Anthony Brottier, qui avance sans étiquette, et celui de Sylvie Aubert, suppléante du député LREM Sacha Houlié. Lequel se présente sur Poitiers 5…

Deux, trois, quatre… Le nombre de binômes candidats varie selon les territoires. Ils sont même cinq dans trois cantons tenus de longue date par les mêmes et convoités. A Chauvigny et Châtellerault, les fiefs d'Alain Fouché et Jean-Pierre-Abelin sont à conquérir et Guillaume de Russé ne veut pas perdre le troisième, Montmorillon.

Verdict d’étape dimanche soir.

 

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