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Troisième et dernier volet de notre dossier consacré à la convention citoyenne sur le numérique responsable, portée par la Ville de Poitiers et dont Le 7 est partenaire. Invitée à la table ronde de jeudi(1) sur le big data, l’ex-présidente d’Open Data France Laurence Comparat explique pourquoi l’ouverture des données publiques est un enjeu majeur.
La loi Lemaire de 2016 a obligé les collectivités à ouvrir leurs données publiques, ce que l’on appelle l’open data. Où en est-on aujourd’hui en France ?
« La libération des données progresse sur tout le territoire français, mais assez lentement. Les plus petites collectivités ont encore du mal(2), c’est pourquoi il convient aujourd’hui de mutualiser, d’inciter les plus grosses à venir les appuyer. »
Pourquoi est-ce important d’ouvrir ces données ?
« Il y a plusieurs enjeux. D’abord, de transparence de la vie publique afin que chacun puisse aller voir ce que fait la collectivité, regarder si les équipements sont répartis équitablement sur le territoire par exemple… Il s’agit aussi de fournir des données qui peuvent alimenter un tissu économique. Enfin, l’open data sert entre les administrations qui s’échangent beaucoup de données : la collectivité n’a alors plus qu’à les récupérer sur la plateforme d’open data et à les utiliser librement. Cela oblige dès lors à actualiser les informations. Ainsi, on fiabilise les processus métiers internes et on gagne du temps sur des tâches pas forcément intéressantes. Au bout, c’est la qualité de service public qu’on améliore. »
Encore faut-il que l’accès aux portails open data soit équitable…
« L’inégalité numérique est une réalité assez criante. Des territoires restent complètement coupés de ces accès-là, ce qui les empêche aussi d’attirer des entreprises, de développer de l’activité économique… C’est la double peine. A l’heure où les opérateurs accélèrent sur la 5G, il y a un enjeu à ne pas délaisser des zones qui, pour les plus reculées, ne captent même pas la 2G. Faisons les choses dans l’ordre. Ne manque-t-on pas d’un service public du numérique, en France ? On a trop laissé cette responsabilité au privé et l’on se rend compte aujourd’hui que la puissance publique vient compenser les manques. »
En juillet 2020, vous avez signé une tribune appelant à « déconfiner les données ». Pourquoi ?
« La crise sanitaire a été l’occasion de beaucoup parler de la donnée. Mais elle ne parle pas ou peu aux gens, même à ceux qui en produisent ou en traitent toute l’année. Il y a là une problématique d’acculturation numérique. Avec l’association Open Data France, on a voulu rappeler aux collectivités l’obligation légale d’ouvrir les données publiques et interpeller les nouvelles équipes municipales sur son intérêt. Un intérêt que des outils nés durant la crise -comme CovidTracker qui s’est appuyé sur l’open data- ont largement mis en lumière sur cette période. Il y a aujourd’hui un vrai travail de réutilisation de la donnée à mener. »
(1)Jeudi, à 18h30, en direct sur poitiers.fr, « Big data : quelle place pour la donnée dans la société et nos territoires ? » Avec la participation de Jean-François Lucas, sociologue et urbaniste de la Smart city chez Chronos, Julien Nocetti, chercheur en géopolitique du numérique à l’Institut français des relations internationales, Laurence Comparat, ex-présidente d’Open Data France, Bertrand Moal, co-fondateur de la startup Deski. Animée par Virgile Deville, entrepreneur, co-fondateur d’Open Source Politics
(2)Selon l’Observatoire open data des territoires, 100% des régions, 60% des départements et un peu plus de 50% des communes de plus de 100 000 habitants sont ouvertes. Pour les communes entre 3 500 et 100 000 habitants, on tombe à moins de… 8%.
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