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Deuxième volet de notre dossier consacré à la convention citoyenne sur le numérique responsable, portée par la Ville de Poitiers et dont Le 7 est partenaire. Invitée à la table ronde du jeudi 6 mai, la sociologue Marion Coville aborde la nécessité de regarder ce qu’il se passe derrière nos écrans, dans les coulisses de nos applis.
Comment imaginer un numérique « plus responsable » ? Vaste question que celle soumise aux habitants engagés dans la convention citoyenne initiée par la Ville de Poitiers. D’emblée, on pense à un numérique plus « vert », moins gourmand en énergie et en ressources, dans une logique de réduction de son empreinte environnementale. Nos usages (messagerie, vidéos, etc.) peuvent être aussi plus raisonnés. Mais encore ? « Il faut dépasser une certaine opacité, aller voir comment sont conçues les applications que nous utilisons, leur modèle économique, les conditions de travail qu’elles imposent… », répond Marion Coville, sociologue du numérique.
Invitée de la seconde table ronde de la convention citoyenne, ce jeudi, la maîtresse de conférence en sciences de l’information et de la communication estime qu’il y a aujourd’hui un besoin « d’éducation à la littératie numérique ». Concrètement, elle invite à développer une compréhension des enjeux politiques et sociaux du numérique afin de les rendre accessibles à tous. « Les questions d’éthique et de politique sont généralement peu mises en avant », observe-t-elle.
Le micro-travail, invisible et précaire
La sociologue s’appuie notamment sur la notion de micro-travail, auquel elle a consacré ses récents travaux. Le micro-travail, c’est un ensemble de « tâches » simples -relever des prix en magasin, traduire quelques lignes, visiter un site web- qui ont pour seul but d’entraîner des algorithmes, d’apprendre aux machines à faire le travail à la place de l’homme. La particularité de cette activité étant que les micro-travailleurs ne sont jamais en lien direct avec leur employeur. « C’est une forme d’activité invisible », résume Marion Coville.
Modérateurs de contenus, correcteurs d’intelligence artificielle et même livreurs à vélo… En France, ils seraient près de 260 000 « travailleurs du clic » selon le rapport Le micro-travail en France, publié en 2019, auquel a contribué Marion Coville. Contrairement à ce qu’imagine parfois la science-fiction, « on ne va pas remplacer les humains dans le travail, assure l’enseignante. Mais le travail humain est de plus en plus invisible et morcelé. » Et surtout, précaire. Sans compte que la donnée produite par ces travailleurs 2.0 prépare bien souvent le terrain à l’automatisation des services.
Mais une collectivité, a fortiori une mairie, peut-elle vraiment contribuer à changer la donne ? « Il faut montrer en quoi ces questions sont importantes et en quoi elles concernent tous les publics », plaide Marion Coville, qui imagine des initiatives de médiation à l’échelle locale. La convention citoyenne est une première pierre. « Mais on peut aller encore plus loin. » La sociologue souhaite ainsi encourager les travaux d’enquête et de recherche sur le sujet, « ce qui est possible au niveau local ». A condition, toujours, de le diffuser, de le faire connaître du plus grand nombre.
Retrouvez les documents de la convention citoyenne sur le numérique responsable sur la plateforme jeparticipe-grandpoitiers.fr.
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