Le transport routier en constante adaptation

Sur les routes, le nombre de poids lourds est un révélateur des mesures sanitaires qui touchent le monde économique depuis un an. Heureusement, le transport routier, bien que très divers, a pour lui sa grande flexibilité.

Claire Brugier

Le7.info

Le transport routier recouvre une pluralité de situations. Ces quelque 63 000 entreprises de Nouvelle-Aquitaine, toutes branches confondues (marchandises, passagers, sanitaire), ont toutefois un point commun : hormis celles dont la crise a accentué des problèmes pré-existants, elles n’ont pas licencié l’an dernier. Au contraire, selon l’Observatoire prospectif des transports et de la logistique (OPTL) de Nouvelle-Aquitaine, les effectifs ont connu une hausse en 2020. Globalement s’entend.

Dans le détail, les taux diffèrent selon la géographie, la branche, la spécialité. Dans le secteur marchandises, majoritaire avec 47 000 salariés (56,7% des établissements, environ 14 000 salariés en Poitou-Charentes), la hausse flirte avec les 2,42%(*). Gare toutefois aux interprétations hâtives. « Le secteur du transport de marchandises sort d’une grosse pénurie de main d’œuvre, avec une population vieillissante », souligne Olivier Martin. L’animateur de l’OPTL met ainsi en avant « de forts enjeux de remplacement », dont témoignent les chiffres, avec un effet de vases communicants entre les recrutements pour remplacement, passés de 55% en 2018 à 72% en 2020, et les créations d’emploi (45% en 2018, 28% en 2020).

« Un métier de service »

Côté volumes, selon une récente étude européenne de la bp2r, le transport de marchandises afficherait une baisse de 54%. Globalement toujours. « L’activité que l’on appelle « des derniers kilomètres », soit tout ce qui concerne la livraison aux particuliers, est en plein boom, relève Caroline Braun-Metzger, déléguée régionale de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR). 
A contrario, dans les hydrocarbures, sur certaines phases de 2020, les entreprises ont affiché une baisse de volume de près de 40%. Tout ce qui est transport alimentaire a bien fonctionné, le froid vers la restauration est évidemment perturbé… » Les transports de fonds et valeurs sont affectés « par les changements d’habitudes de paiement, avec davantage d’achats en ligne et la promotion du sans-contact », ajoute Olivier Martin.

Bref, à chaque « marchandise » sa problématique, avec comme dénominateur commun « la grande capacité d’adaptation du transport routier », pointe Olivier Martin. « Il ne faut pas oublier, renchérit Caroline Braun-Metzger, que les transports sont un métier de service, dans lequel on est sans cesse en recherche de solutions d’optimisation. » Comme chez Coudreau, à Loudun, une société spécialisée dans les transports exceptionnels. « Lors du premier confinement, nous avons perdu 80% de notre chiffre d’affaires, note Aurélien Despres. Non seulement nous avons dû faire face à un gros gel de l’activité, mais nous avions perdu toute lisibilité dans l’avenir. Or, dans notre métier, on se projette en permanence, rappelle le chef d’exploitation. Nous avons fait le choix de ne pas fermer, en ayant recours au chômage partiel, aux congés et récupérations, pour pouvoir redémarrer plus vite. Et à la mi-mai, nous avons repris à 100%. Nous ne nous sommes pas réinventés, mais nous nous sommes remobilisés sur des secteurs d’activité plus pointus qui nous ont permis de traverser la crise. Et nos clients, qui sont dans l’industrie, le BTP, le secteur agricole notamment, nous ont suivis. »

(*) Chiffres des trois premiers trimestre 2020.

Crédit photo : Christophe Charpentier.

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