Dans les écoles de la Vienne, les difficultés à recruter titulaires et contractuels font craindre une baisse de l’attractivité du métier d’enseignant. Heureusement, des vocations perdurent.
Dans la Vienne, sur les
28 postes d’enseignants contractuels budgétés, seuls 10 ont été pourvus(*). Pas facile dans ces conditions de remplacer les professeurs des écoles absents, plus nombreux que d’habitude (malades ou cas contacts). Surtout que le département est parti avec un petit handicap. Il manquait à la rentrée une quinzaine de titulaires pour gérer les imprévus. La majorité des remplaçants était déjà en poste en septembre.
Le phénomène reste encore marginal. Mais faut-il y voir une baisse d’attractivité du métier d’enseignant ? Soizic a son idée sur la question. Essoufflée par vingt ans d’école maternelle, elle est devenue assistante maternelle. « Le nombre d’élèves par classe n’a cessé d’augmenter au fil de ma carrière. Je ne pouvais pas répondre aux besoins de chacun. D’autant qu’on manque de formation, sur les élèves en situation de handicap et même sur les troubles de l’apprentissage comme les dys, qui devraient pourtant être le cœur de notre métier. » Et la liste des récriminations est encore longue.
1 400€ net à bac +5
D’une manière générale, Cécile Capy-Gilardot, secrétaire départementale du SE-Unsa, est convaincue que le métier fait moins rêver qu’avant. « Le recrutement s’effectue en master. Avec un bac+5, on peut espérer mieux qu’un salaire de
1 400€ net. En plus, on engrange les difficultés des élèves, les reproches des parents... » Dans le baromètre interprofessionnel de l’Unsa, le nombre d’enseignants à recommander leur propre métier diminue régulièrement. La responsable syndicale assure que les appels de collègues à la recherche d’une reconversion se multiplient actuellement. « On a une légère augmentation des démissions mais pas d’hémorragie », nuance Jean-Jacques Vial. Le secrétaire général du rectorat met surtout en avant la « hausse du nombre de candidats au concours de professeurs des écoles », les « perspectives d’évolution », le « tutorat » et la « revalorisation des salaires actée par le Grenelle de l’Education » (100€ de plus en début de carrière à partir de mai).
150 enseignants feront leur première rentrée en septembre prochain dans l’académie. Yu-Jin était de ceux-là en 2019. A
28 ans, elle occupe actuellement un « poste fractionné ». C’est souvent le cas pour les nouveaux. La semaine, elle jongle entre cinq niveaux en fonction des décharges qu’elle compense. « J’ai mis du temps à préparer la rentrée », confie la jeune femme dans un sourire. Yu-Lin s’est découvert une fibre de prof lors d’un stage dans une école française aux Etats-Unis. « J’ai aidé un enfant de CP et j’ai vu dans ses yeux la fierté d’avoir compris ce que je lui disais. C’est un cliché mais j’ai saisi que j’avais un rôle à jouer. » C’est la source de nombreuses vocations malgré tout : aider les enfants à grandir.
*28 sur 48 dans l’académie.