Crèche inter-entreprises :
 un accueil réservé

La Technopole du Futuroscope est actuellement au cœur de deux projets de crèche inter-entreprises. Or, malgré un tissu économique particulièrement dense, les précédentes tentatives ont toutes échoué.

Claire Brugier

Le7.info

Certains s’y sont déjà essayés. En vain. La Technopole du Futuroscope semble imperméable aux projets de crèche inter-entreprises. « Il faut juste que le projet soit construit avec », insiste Martial Jamin, confiant. Après plus d’un an de prospection dans la Vienne, le responsable du développement de la société Na !, qui s’apprête à ouvrir une septième crèche bilingue anglais-français à Mérignac, envisage la création de la huitième sur la Technopole, « dans douze à dix-huit mois », avec une capacité d’accueil de trente berceaux.

Le groupe nantais n’est toutefois pas seul à porter un tel projet. Outre la micro-crèche O P’tit Chat, attendue en mars zone de Chalembert, à Jaunay-Marigny, Géraldine Pirouelle, la fondatrice de Pouce Doudou, songe également à installer une crèche inter-entreprises sur la Technopole… depuis 2019. A Fontaine-le-Comte, sa structure est mixte, avec des places réservées par des communes, la Srias(*) et des entreprises. Le contexte est sensiblement différent sur la Technopole mais les conditions d’ouverture restent identiques.

Pour avoir l’agrément de la Protection maternelle infantile (PMI), le porteur de projet doit présenter une étude de besoins et justifier d’un taux minimum de remplissage (50%). Or il semble que, depuis une dizaine d’années, ce soit précisément là que le bât blesse : trouver les entreprises susceptibles de louer des berceaux pour leurs salariés. La « densité économique » (250 entreprises, 7 500 salariés) qui a séduit Na ! est une condition favorable mais pas suffisante. Martial Jamin le sait : « Pour qu’une crèche existe, il faut des employeurs qui s’engagent. »

« Peut-être que le sujet n’était pas mature »

« Travailler l’attractivité de l’entreprise, l‘égalité homme-femme, la RSE en général (ndlr, responsabilité sociétale des entreprises)… » Martial Jamin ne manque pas d’arguments pour convaincre. Côté finances, il annonce un coût de 12 000€ par an et par berceau -10 500€ à Fontaine-le-Comte-, ce qui revient à un coût réel, après dégrèvements fiscaux (jusqu’à -83%), proche de 2 000€ par an et par berceau. Parallèlement, « les crèches publiques alentour, à Chasseneuil, Jaunay-Marigny et Beaumont sont un peu en tension », constate-t-on du côté de la PMI.

Malgré tout, dans les faits, « aucune demande pour une crèche inter-entreprises n’est jamais remontée », note le président de l’association Les Entrepreneurs du Futur. Question de culture ? Laurent Herbelin positive : « La réflexion autour des conditions de travail et du bien-être des salariés évolue à une telle rapidité… Peut-être que le sujet n’était pas mature sur la Technopole et qu’il peut le devenir. »

En disant « Oui à une crèche publique, non à une crèche business », le Parti communiste relève un autre frein possible : la crainte de l’incidence d’« intérêts privés lucratifs » dans le domaine de la petite enfance. Et si, précisément, la participation financière de la collectivité compétente, en l’occurrence Grand Poitiers, servait de levier pour s’assurer du respect des valeurs publiques d’accueil, de mixité ? N’ayant « pas été consultée », la communauté d’agglomération « ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet ».


(*) Section régionale
interministérielle d’action sociale.

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