Hier
Jean-Marc Neveu. 52 ans. Dirigeant de plusieurs entreprises industrielles à Châtellerault. A l’origine de la success story Plaxtil, de recyclage des masques chirurgicaux. Pianiste à ses heures perdues, le diplômé de l’Ecole des Arts et métiers détonne dans le milieu très convenu de l’industrie.
Il dit rarement « je », un pronom sans doute trop personnel pour lui. Le « nous » lui sied mieux. « Un produit qui sort d’ici est une œuvre collective réussie, le résultat d’une réflexion, d’une matière... » Celui qui parle ainsi s’appelle Jean-Marc Neveu et dirige depuis six ans les sociétés Ardatec et CDA Développement, à Châtellerault. Dernièrement, vous avez sans doute entendu parler de lui au sujet de Plaxtil. C’est l’une des nouvelles activités de ses entreprises, co-pilotée avec deux de ses anciens camarades de promo de l’Ecole des Arts et Métiers. Sous-traitant de l’aéronautique d’un côté, chef de file du recyclage de masques chirurgicaux de l’autre. Tous les médias français et étrangers ont braqué leurs caméras et micros vers la TPE-PME du Nord-Vienne. Et donc aussi vers Jean-Marc Neveu. Qui discute aujourd’hui avec Kiabi, Nestlé, le ministère de l’Economie...
A la sauce CJD
L’homme est un humaniste, ingénieur de formation à la rigueur sans faille. Et en même temps, un peu artiste aussi. Le fils... d’ingénieur et d’assistante sociale a « trouvé la voie de conciliation ». Gamin, le titi parisien se voyait revêtir les habits d’astronaute, comme aimanté par « la voûte céleste ». « C’est un monde fabuleux à explorer et à comprendre. Qu’est-ce que l’existence humaine à l’échelle de l’univers ? », interroge-t-il de ses yeux d’adulte. Un rapide calcul de probabilité l’a dissuadé de devenir le semblable de Thomas Pesquet. Qu’à cela ne tienne, il s’est donc rabattu vers les Arts et Métiers, à Bordeaux. Il en parle encore aujourd’hui avec la fierté des anciens, infiniment reconnaissant par rapport à ce qu’il a appris. Mais parce que « la technologie n’est pas une fin en soi, le progrès doit être au service de l’humain », Jean-Marc Neveu s’attache autant à l’économique qu’au social, à l’environnemental qu’au sociétal. Une gouvernance transversale directement inspirée du Centre des jeunes dirigeants. Il fut le président de la section Poitiers-Châtellerault entre 2011 et 2013.
Peu de temps après son arrivée, le dirigeant a organisé une séance photo de ses salariés, un concert dans l’atelier, a aussi initié ses collaborateurs aux serious games... Bref, il les a étonnés -dans le bon sens du terme- pour mieux susciter leur adhésion aux valeurs de l’entreprise. « Lorsqu’ils ont vu les photos, ils se sont trouvés beaux. Quand on fait quelque chose de bien, on se sent bien », insiste-t-il. Où l’on reparle d’« aventure collective ». « Lorsqu’on accueille des stagiaires, ils nous disent qu’ils sont dans la meilleur entreprise du monde. Pourquoi ? Parce qu’ils ne sont jamais seuls face aux problèmes. »
Atypique, Jean-Marc Neveu ? Assurément. Capable de vous ciuter Françoise Héritier, Hannah Arendt ou Kant en 1h38 d’entretien. Du philosophe allemand, il a retenu ceci : « On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter ». Autant dire que depuis le printemps, le dirigeant est servi côté incertitudes. Mais plutôt que de voir le verre à moitié vide -l’aéronautique en chute libre-, il préfère esquisser les contours d’une économie plus circulaire. D’où l’existence de Plaxtil.
« Toujours disponible pour de belles rencontres »
De l’anthropologue française, il a retenu ceci : « Le mal commence avec l’indifférence et la résignation ». Parmi ses qualités premières, Jean-Marc Neveu cite sa « capacité à s’étonner des choses ». Ce qui fait sa force est aussi une « faiblesse ». Il se sait « un peu excessif » dans ses engagements. Pas au point d’oublier l’essentiel, sa fille de... 34 ans et ses trois petits-enfants de 12 ans, 8 ans et 1 mois. A ses heures perdues, il n’aime rien moins que se mettre au piano. Un héritage familial. « Une tradition » même. Concertistes célèbres, son grand-père Jean et sa sœur Ginette sont morts dans l’avion de Marcel Cerdan, aux Açores en 1949. Leur légende, et celle des quarante-six autres passagers de l’avion, est racontée dans un livre nommé Constellation.
De là-haut, sans doute que Jean et Ginette jettent un œil sur leur descendance. « Le piano fait partie de moi », acquiesce-t-il tête rivée vers les étoiles. En regardant dans le rétro, Jean-Marc considère qu’il a, jusque-là, eu « une belle vie ». Sans doute parce qu’il a « toujours été disponible pour de belles rencontres ». Foi de lecteur d’Hannah Arendt.
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