mardi 24 décembre
Jean-Michel Roche s'est éteint samedi dernier, à 66 ans. L'ancien rédacteur en chef du 7, Nicolas Boursier, se souvient de cette figure incontournable du Stade poitevin volley-ball, auquel il apporté deux titres en 1996 et 1999.
On le pensait insubmersible. Aussi solide qu’un phare dans la tempête. Toujours aussi prompt, l’âge de la retraite approchant, à guider les jeunes brebis égarées sur les chemins cahoteux du haut niveau. Ainsi donc Jean-Michel Roche était mortel ! Presque inimaginable. Le colosse du Forez a baissé pavillon sur la plus sournoise des balles de match, plié l’échine sur un dernier smash vicieux, mis genou à terre sur l’ultime banderille d’une vie entièrement vouée aux plaisirs du jeu. Ses passes aux ailes n’auront désormais plus d’autres réceptionneurs que les anges du sport qui l’accompagnent au royaume des Justes. Il y a déjà retrouvé Francis Morillon, son père spirituel, son « Papy » pour toujours, celui auquel il pouvait tout demander et dont il obtenait tout. Y compris de prendre sa défense contre Eric Ngapeth, l’entraîneur qui porta, pour la première fois de son histoire, le volley poitevin au sommet de l’Hexagone, en 1999.
Evoquer ce triumvirat président-manager-entraîneur précurseur et gagnant, c’est se rendre à l’évidence que les plus beaux succès ne se nourrissent pas toujours des plus louables cohésions. Car entre Roche et Ngapeth, le torchon brûlait aussi souvent que cliquetaient les verres au bonheur de bâtir de concert. Nous reviennent en mémoire ces interviews de bar ou de resto conclues à la chandelle de joutes endiablées, ces dissertations tactiques sur une simple nappe en papier, ces débats d’idées éthyliques noyés dans le tourbillon des compétences en fusion et… ces poignées de mains réconciliatrices, sacrifiées sur l’autel de l’intérêt général.
Comme Francis et Eric, Jean-Mi le pince-sans-rire était un excessif. Il avait plus souvent qu’à son tour le verbe assassin, l’emportement célère, la dent dure contre quiconque osait défier sa grandeur. Il savait se faire craindre et respecter, mais était aussi et surtout doté d’un immense pouvoir de persuasion, se révélait juste et fidèle en tout. A son amour du volley comme à ses principes de vie, à ses joueurs comme à ses amitiés.
Du Qatar, où il entraînait alors, il nous avait avoué, en 2014, entretenir « un enthousiasme de junior », « avancer sans pression » et « vivre au jour le jour, loin de tout carcan ». Nul doute que jusqu’au dernier de ces jours, aux Seychelles comme à Madagascar, où son regard perçant s’est refermé sur l’Eternité, il a continué à butiner à l’envi le suc de la liberté. Cette liberté qu’il s’était lui-même choisie et au nom de laquelle il a toujours vécu.
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