Aujourd'hui
L’éditeur Jean-François Pissard ravive l’esprit de Didier 1er , roi de Basoche, dans un ebook intitulé Le Poulpe au couronnement de Bokassa. L’occasion de revenir sur ce gag potache qui a conduit un étudiant poitevin à être invité, le 4 décembre 1977, au sacre de l’empereur de Centrafrique.
C’était il y a quarante-trois ans, presque jour pour jour. Le 4 décembre 1977, un modeste étudiant poitevin de 25 ans, en troisième année de droit, s’est retrouvé propulsé dans la cour des grands. Didier Piganeau a été invité au sacre de Bokassa, autoproclamé empereur de Centrafrique. Il a déjà raconté cette histoire maintes fois mais ne s’en lasse pas. « J’ai fait des centaines de conférences pour le plaisir et, rien que cette année, Le Figaro, Ça m’intéresse Histoire ou France Culture m’ont contacté. Et maintenant vous ! » La loi des séries… La publication d’un ebook reprenant les contours de cette histoire -on le doit à l’éditeur Jean-François Pissard- fournit le prétexte idéal pour la conter à notre tour. Et rencontrer en personne Didier 1er, roi de Basoche, dans sa demeure en centre-ville de Poitiers.
« J’ai eu de la chance »
Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés. Leurs premiers échanges remontent à trente ans. « Je l’interviewais et son récit m’est resté en tête », se souvient Jean-François Pissard. L’ex-propriétaire du Pictavien Editeur, à Chauvigny, a ainsi revisité l’histoire à sa sauce, en ajoutant une intrigue policière. Avec des diamants évidemment ! Le Poulpe fait aussi son apparition, un personnage « sans attache et franc-tireur, une sorte de justicier non violent », comme le décrit l’auteur. « Enfin j’ai voulu rendre hommage à un vieil ami disparu. Didier est devenu Daniel qui avait les mêmes traits, à la fois charmeur et candide. » Journaliste retraité, Didier Piganeau a très vite cédé les droits de son aventure devenue culte : « Je suis ravi de voir qu’elle a marqué les gens. Cela prouve qu’il est encore possible d’avoir de l’humour. Des milliers de personnes auraient rêvé de vivre cette aventure. J’ai eu de la chance. » Oui, beaucoup de chance.
Histoire d’une imposture
Une aventure, quelle aventure ? Tout commence en septembre 1977. Après la rentrée, quelques étudiants en droit écrivent une lettre très officielle à l’ambassade de Centrafrique, à Paris. Ils sont membres de la Basoche, une institution séculaire de l’université de Poitiers adepte de « gags intellectuels et paillards ». La légende raconte qu’à une époque lointaine, le royaume de Basoche était invité à toutes les cérémonies protocolaires. Les joyeux drilles jouent la carte à fond et, surprise, ça marche ! Le roi Didier 1er, désigné sur un coup de dés, ne se dégonfle pas. Depuis l’aéroport d’Orly jusqu’à son séjour à Bangui, tout n’est qu’une vaste imposture. « A plusieurs reprises, j’ai cru que tout allait s’arrêter. Une fois dans l’avion, je ne pouvais plus reculer, j’avais perdu ma véritable identité. Mais quand mon voisin de siège m’a dit « Bonjour Majesté », j’ai vu que ça marchait ! » Il part avec sa fiancée Dominique, aujourd’hui son épouse. A l’arrivée, le Premier ministre leur laisse sa voiture, ils sont reçus avec faste, comme les 7 000 autres invités de ce sacre somptueux. Incroyable !
Réécoutez l'histoire de Didier 1er au sacre de Bokassa dans l'émission Impostures sur France Culture
Photo DR Didier PiganeauÀ lire aussi ...