Poitiers, tremplin des étudiants en cinéma

La 43e édition du Poitiers Film Festival se poursuit jusqu’au 13 décembre. L’événement est l’occasion pour de nombreux talents d’émerger, à la sortie de l’école de cinéma. Certains noms sont aujourd’hui connus du grand public ou sont appelés à l’être.

Steve Henot

Le7.info

Depuis sa création en 1977 par Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque française, le Poitiers Film Festival a vu défiler de nombreux jeunes cinéastes, français comme internationaux. En quarante-deux éditions, ce sont plus de 1 300 films qui y ont été projetés. « Le festival se veut un tremplin à la sortie de l’école de cinéma. Souvent, les participants y montrent leur dernier film d’études », rappelle Camille Sanz, la coordinatrice et programmatrice de l’événement.

C’est aussi, en général, leur première rencontre avec des professionnels (producteurs, distributeurs, etc.), hors du « cocon un peu douillet » de la formation. « Les professionnels viennent chercher des films singuliers, d’auteurs, qui soient grand public tout en exprimant une personnalité artistique forte. C’est la rencontre entre la sensibilité d’un cinéaste et celle d’un producteur. » Qu’ils soient primés ou non, les étudiants ayant tapé dans l’œil des pros durant le Poitiers Film Festival enchaînent d’ordinaire avec un long métrage et une sortie nationale en salles. Ils sont environ 200 à avoir connu cette trajectoire.

De Desplechin à Renner

Parmi eux, Arnaud Desplechin qui, avant d’obtenir le César du meilleur réalisateur pour Trois souvenirs de ma jeunesse (2016), s’était confronté pour la première fois au regard d’un jury à Poitiers, en 1984. Idem pour Noémie Lvovsky, qui avait été sélectionnée à sa sortie de la Fémis, au début des années 1990. On a d’ailleurs retrouvé l’actrice-réalisatrice cette année dans A Cœur battant, le dernier long de l’Israëlienne Keren Ben Rafael, elle-même repérée à Poitiers en 2008. Beaucoup d’autres internationaux ont confirmé depuis leur passage : le Coréen Hong-jin Na, le Britannique Asif Kapadia, le Colombien Franco Lolli… « Dès qu’ils le peuvent, ils reviennent, observe Camille Sanz. Ils sont très attachés au festival car c’est souvent le premier endroit où ils ont montré leurs films. » Primé en 2018, Folle nuit russe de la réalisatrice Anja Kreis (photo) a été remarqué par un distributeur et a ainsi bénéficié d’une sortie en salles un an seulement après sa diffusion au Poitiers Film Festival.

Loin du cinéma d’auteur auquel on voudrait parfois le réduire, le « PFF » a aussi vu passer des personnalités comme Gérard Krawczyk, le réalisateur des épisodes 2, 3 et 4 de la série de films d’action Taxi. Il a aussi révélé des noms dans le domaine de l’animation, à l’image de Benjamin Renner, le coréalisateur de Ernest et Célestine qui, lui, figurait en compétition en 2008. Preuve de la diversité des profils sélectionnés chaque année. Après le festival, il arrive parfois que certains décident de quitter la réalisation pour aller vers d’autres métiers du cinéma (acteurs, chefs opérateurs, monteurs…) voire changent de secteur.

 

Une édition 100% en ligne
Crise sanitaire oblige, le Poitiers Film Festival a adopté cette année un nouveau format, exclusivement dématérialisé. Depuis vendredi et jusqu’au 13 décembre, chacun des 56 films présentés en Sélection internationale et en séance So French ! (dédiée à la production nationale) sera accessible gratuitement au public sur la plateforme en ligne du festival (sur inscription). « Malgré la fermeture des salles de cinéma, nous mettons actuellement tout en œuvre pour proposer aux festivaliers une alternative qui permette de créer la rencontre entre les films et leur public », explique l’organisation. La présentation des films a été revue autour de douze thématiques et genres (courts, longs métrages, documentaires, animation, etc.) pour guider le choix des spectateurs, lesquels seront invités à voter à la fin de chaque séance pour désigner leurs coups de cœur, dans le cadre des Prix du public. Le reste du palmarès (décerné par les jurys de professionnels) sera révélé ce vendredi 4 décembre sur le site et les réseaux du « PFF ». Quant aux événements organisés pour les cinéastes en sélection, comme le programme professionnel Jump In ou Talents en court, les séances de travail se feront par visioconférence et des entretiens sont prévus avec les professionnels intervenant lors des formations. D’autres rendez-vous initialement prévus en présentiel pourraient être reprogrammés dans les prochains mois, et notamment le Focus Africa 2020 qui « pourrait s’inscrire le temps d’un week-end dans la programmation du cinéma TAP Castille ».

À lire aussi ...