Lycées : loin des yeux, près du cours

Les lycées doivent réduire coûte que coûte leurs effectifs pour limiter les risques sanitaires, surtout au réfectoire. Le ministère autorise désormais une part d’enseignement à distance. Sur le terrain, les proviseurs inventent de nouvelles formes scolaires adaptées à leur établissement.

Romain Mudrak

Le7.info

Au lycée Victor-Hugo de Poitiers, les élèves de seconde ne sont pas présents cette semaine. Depuis lundi, un roulement est mis en place pour les trois niveaux. Les classes de 1re seront les suivants, puis les terminales. La raison ? Limiter les brassages. Avec 400 élèves en moins chaque semaine sur 1 200, il sera notamment plus simple d’espacer les tables à la cantine. Dans tous les établissements, c’est « le » lieu où le risque de contamination à la Covid-19 est le plus élevé en l’absence de masques. Si les ados ne sont plus physiquement au lycée, tout est fait pour qu’ils ne retrouvent pas déconnectés. Les enseignants ont « séquencé » le travail à faire à la maison. Comme les familles sont plutôt bien équipées en matériel informatique, tout passe par Pronote avec un temps indicatif pour chaque activité. Ici, pas de cours en visio. « Des rendez-vous collectifs ou individuels peuvent être fixés pour corriger des exercices par exemple », précise le proviseur, Frédéric Couturier. Qui ajoute : « Un CPE par niveau appelle les plus fragiles chez eux et les élèves peuvent venir entre 18h et 21h, sur rendez-vous, pour bénéficier de l’accompagnement des assistants d’éducation. »

Pas de recette unique

Cette nouvelle organisation à distance était réclamée depuis plusieurs semaines par le principal Syndicat national des personnels de direction de l’Education nationale, le SNPDEN. Quand le ministre Blanquer l’a autorisée le 6 novembre, tous les établissements ont convoqué leur conseil pédagogique et informé les parents pour trouver la meilleure solution. Chaque équipe a choisi la formule correspondant aux spécificités de son lycée. A Marcelin-Berthelot, 800 élèves à Châtellerault, douze classes sont condamnées par des travaux de restructuration. Autant dire qu’ici on attendait avec impatience une solution. Depuis lundi, les élèves viennent un jour sur deux. Une façon de « garder le rythme ainsi que le contact et d’assurer la régularité des apprentissages », explique Stéphane Gilot. Le proviseur est arrivé en septembre et a bénéficié d’une « belle mobilisation des équipes pédagogiques et logistiques ». Au self, quatre services par groupes de classes s’enchaînent de 11h30 à 13h30, contre 12h30 auparavant. Les élèves approuvent. Eux-mêmes avaient partagé « un besoin de venir au lycée et de voir leurs camarades ».

« Nous sommes en gestion de crise, il n’existe pas de recette, nous devons évaluer et ajuster en permanence », souligne Christophe Simonet, représentant du SNPDEN dans la Vienne. Dans les lycées professionnels et technologiques, les apprentissages les plus techniques s’effectuent toujours en présentiel. Les départs en stage permettent aussi de vider les classes. La Région, par l’intermédiaire de son vice-président à l’éducation, Jean-Louis Nembrini, assure renforcer les moyens techniques (3 000 ordinateurs portables disponibles, un fonds familles de 1,5M€, l’environnement numérique de travail) et humains (500 agents contractuels budgétisés à recruter). Reste une question : cette organisation ne devrait-elle pas se généraliser aux collèges ? Une partie de la communauté éducative le pense et l’a fait savoir, le 10 novembre, lors d’une grève nationale.

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