Aujourd'hui
Adieu les cons raconte l’étonnante cavale d’un homme et d’une femme désespérés, tous deux victimes d’une injustice. Un récit à la fois piquant et touchant, qui affirme un peu plus le cinéma iconoclaste de Dupontel. Sans doute son meilleur film.
Suze est atteinte d’un cancer incurable, provoqué par les aérosols de son salon de coiffure. Ses jours étant comptés, elle se décide à rechercher l’enfant qu’elle a eu à l’adolescence et que ses parents l’ont contrainte à abandonner sous X. Alors qu’elle se heurte à une administration des plus rigides, elle assiste à la tentative de suicide d’un technicien informatique. Le coup de fusil rate sa cible et blesse malencontreusement un agent. Dans la panique générale, Suze kidnappe le désespéré en vue de le faire chanter : s’il l’aide à retrouver son fils, la coiffeuse dira que le tir était involontaire. Mais la police est déjà à leurs trousses...
Dans cette drôle de fuite en avant, les deux personnages n’ont plus rien à perdre. Rejetés par une société plus individualiste que jamais, et d’une violence parfois terrible (la police en prend pour son grade tout du long, jusqu’au final romanesque), ils ne trouvent plus leur place dans ce monde urbain ultra-connecté, totalement déshumanisé. Leur rencontre leur offre une porte de sortie, l’occasion d’une ultime révolte contre le sort et l’injustice, en guise de résilience. Un dernier élan plein de rage contenue, qu’Albert Dupontel filme avec entrain et tendresse. C’est ce que l’on aime chez le cinéaste : sa capacité à extirper le beau d’un certain désenchantement, à grand renfort d’humour et de dialogues ciselés. L’interprétation, l’image -nocturne mais chaleureuse- et la musique finissent de donner toute sa saveur à cette fable moderne sur notre quête d’amour. On ne sort pas des thèmes chers au réalisateur (la filiation, notamment), mais on perçoit ici -plus encore que dans Au revoir là-haut- l’aboutissement d’une formule, d’une alchimie dans son cinéma. Adieu les cons en est assurément un grand cru.
Comédie dramatique d’Albert Dupontel avec lui-même, Virginie Efira, Nicolas Marié (1h28).
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