Aujourd'hui
La rédaction du 7 consacre une série aux Poitevins expatriés, dont le parcours professionnel et personnel sort du lot, ainsi qu’aux Français ou étrangers qui ont jeté l’ancre dans la Vienne. Deuxième volet avec Brian McCoy, musicien américain installé depuis quatre ans à Buxerolles.
Racontez-nous votre enfance…
« Je suis né dans l’Ohio, dans la « Rust belt » au nord-est des Etats-Unis, entre Chicago et New York. Enfant unique, j’ai grandi dans la classe moyenne. Mes parents étaient enseignants au collège et au lycée. Ma mère m’a inscrit dans une chorale, sans que j’aspire à devenir un chanteur. J’étais un peu hyperactif, je ne lisais pas beaucoup mais je jouais tout le temps avec des figurines. J’ai commencé à faire de la batterie à 13 ans, avec un professeur. Je n’ai jamais joué dans un groupe mais juste pour moi, dans la cave de ma mère. »
Petit, vous rêviez à quoi ?
« Je voulais être comédien. Au lycée puis à l’université, j’ai fait du théâtre, joué dans des comédies musicales… A cette époque, je ne pensais pas rester dans la musique, c’était juste un hobby. J’ai aussi voulu diriger une entreprise de figurines, c’était ma petite obsession de l’enfance. Je voulais vivre l’American Dream, quoi ! » (rires)
Quelles études avez-vous faites ?
« A la fac, j’ai essayé de suivre un cursus pour devenir instituteur mais ça a été un échec. Je suis donc allé étudier le théâtre dans une autre fac. C’est là que j’ai découvert la vielle à roue, à une période où je m’intéressais aux musiques du monde, à d’autres instruments… Quelqu’un m’a dit que ce serait bien que je poursuive dans la musique. Je suis alors parti vers une formation d’ingénieur du son et production sonore. Au bout de ces neuf années d’errance, j’ai finalement validé un bac interdisciplinaire en théâtre, ingénierie sonore et un autre truc qui reste un mystère… Je crois que c’était autour de l’histoire (rires). C’est ce diplôme qui m’a permis de partir en France. »
Un tournant dans votre carrière ?
« La vielle à roue est la première chose qui m’a fait m’intéresser à l’Europe. Aux Etats-Unis, personne ne travaille avec cet instrument. Rien qu’à Poitiers, il y a deux professionnels. C’est pourquoi, en 2015, j’ai contacté Armelle (Dousset, sa compagne) sur Facebook. On s’est connus via un réseau d’amis musiciens de vielle à roue, d’accordéon, de cornemuse… L’année suivante, je lui ai envoyé un album et on a commencé à échanger. Six mois après, on se rencontrait à Buxerolles. Je ne m’étais jamais dit que je viendrais vivre en France. »
Votre pays vous manque pour…
« Ma famille, bien sûr, et la bouffe ! (rires) Pour le coucher de soleil aussi. Chez moi, c’est un peu plat et on voit beaucoup d’usines à l’horizon, devant un ciel rouge, orange. C’est très beau. »
Qu’appréciez-vous dans
la Vienne ?
« La nourriture, aussi ! Mais surtout l’histoire. Ici, on trouve une église qui a 1 000 ans ou des maisons avec des caves datant du XVe siècle… Mon pays est jeune en comparaison ! Et à Poitiers, il y a une belle offre culturelle, beaucoup de scènes. Chez moi, il y a des groupes de bars mais très peu de spectacles de danse... »
Quels sont vos projets ?
« Je suis toujours dans la recherche de sons. Je suis en train de fabriquer une planche à pédales d’effets pour la vielle. Je vais peut-être monter un set en solo, j’adore expérimenter, improviser… Avec Armelle, pour notre duo Seaphone, on a des dates en 2021. On enregistre des choses, il y a un morceau qui est déjà en ligne. Je suis aussi invité à chanter et à jouer dans d’autres groupes. »
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