Poitiers chasse ses démons nocturnes

Depuis la rentrée, l’hypercentre de Poitiers est le théâtre d’incivilités nocturnes. Les consignes sanitaires sont régulièrement bafouées. Résultat, les riverains se crispent et la police est pointée du doigt. La Mairie et la préfecture tentent de reprendre la main.

Arnault Varanne

Le7.info

Nicolas n’en peut plus. Son appartement donne sur la place de l’hôtel de ville. Entre les cris, les aboiements, la musique amplifiée, les skates et les ballons, ses nuits sont de plus en plus courtes. « J’ai choisi d’habiter en centre-ville, mais certains soirs j’ai du mal à m’endormir à cause du bruit, malgré le triple vitrage. » Dernièrement, le degré d’insécurité est encore monté d’un cran. Dans la nuit du 11 au 12 septembre, une bagarre générale a éclaté entre 2h et 3h du matin. Une trentaine d’individus alcoolisés se sont porté des coups d’une violence rare. La semaine dernière, un homme de 39 ans, ivre et en colère, a réussi à passer les bornes automatiques avec son véhicule et à rouler à vive allure sur la place d’Armes.

« Mieux vaut perdre quelques clients... »

Depuis la rentrée, l’hypercentre de Poitiers est le théâtre d’incivilités répétées... et de manquements aux règles en vigueur. Dans la première quinzaine de septembre, il n’était pas rare d’observer, en soirée, des dizaines d’individus, garçons et filles plutôt jeunes, se côtoyer sans masque à quelques centimètres de distance, au mépris des consignes de sécurité sanitaire. Certains responsables de bar tentent de montrer l’exemple. « L’autre jour, j’ai installé un groupe de vingt-et-une personnes autour de trois tables de sept. Le problème, c’est que les gens ont vite fait de rapprocher les tables et les chaises », témoigne Anthony, du Café de la Paix. Mieux vaut connaître son métier pour appliquer les consignes sans risquer de voir partir de précieux clients. « Chez nous, on explique, on reste poli mais c’est strict. Pareil, le soir, il faut savoir limiter le service quand on voit que ça déborde. Mieux vaut perdre quelques clients que de fermer l’établissement. » Reste que ce n’est pas toujours facile de faire respecter les règles à l’extérieur du bar. Surtout quand certains consomment des mélanges alcoolisés qu’ils transportent dans leur sac à dos.

Prévention et répression

Face à la recrudescence de l’épidémie, la préfète de la Vienne a rendu obligatoire le port du masque sur les places Leclerc, Charles-de-Gaulle, à Tison, ainsi que dans la rue du Chaudron-d’Or. Mais qui pour faire respecter ces règles ? La maire Léonore Moncond’huy a choisi de jouer à la fois la carte de la prévention et de la répression. La prévention d’abord avec des patrouilles de policiers municipaux davantage présentes et visibles entre 18h et 22h. Dans le même ordre d’idée, il est question de « renforcer la présence des agents d’Ekinox ». La répression ensuite puisque la Ville a choisi d’annuler l’extension des terrasses des bars de la rue du Chaudron-d’Or. Cet endroit est pointé du doigt en soirée. Les images parlent d’elles-mêmes. La police nationale s’est engagée à renforcer sa présence sur le terrain entre 22h30 et 2h du matin, à l’instar de jeudi dernier. Douze agents supplémentaires sont arrivés depuis le 1er septembre. L’ambiance va-t-elle pour autant continuer à se dégrader dans l’hypercentre ? En réalité, l’arrivée du mauvais temps pourrait tout simplement limiter les situations à risques. A moins qu’il ne déplace le problème à l’intérieur des bistrots branchés du centre ou dans les appartements.

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