Le projet d’extension de l’expérimentation Territoire zéro chômeur longue durée a été examiné mercredi à l’Assemblée nationale. Dans la Vienne, deux territoires préparent depuis presque deux ans leur candidature.
Dans la Vienne, à des centaines de kilomètres de l’Assemblée nationale où le projet d’extension de l’expérimentation Territoire zéro chômeur longue durée (TZCLD) était débattu la semaine dernière, les porteurs de projet s’activent, soutenus par leurs communautés d’agglomérations respectives. A Poitiers, le Capee, acteur reconnu de l’économie sociale et solidaire, pilote la démarche initialement lancée sur les quartiers de Bel-Air, Bellejouane et des Trois-Cités, puis étendue à Saint-Sauvant, Migné-Auxances, Jaunay-Marigny, Buxerolles et Dissay. Plus au nord, le Tope 5 du Châtelleraudais regroupe les communes de Naintré, Cenon- sur-Vienne, Colombiers, Scorbé-Clairvaux et Thuré.
Sur ces deux territoires, inspirés par l’exemple de Mauléon (Deux-Sèvres), l’objectif est clair : la mise en place fin 2021 d’une Entreprise à but d’emploi (EBE) à destination des personnes privées d’emploi. Dix-huit mois déjà que les deux territoires y réfléchissent (cf. Le 7 n°465). Chacun à son rythme, ils affinent les contours de leur EBE, une co-construction privé-public, actifs-privés d’emploi, bénévoles-salariés. « L’approche est inédite : les personnes co-construisent leur propre emploi au lieu de répondre à une offre », rappelle Jean-François Hérault, directeur du Capee. « 400 personnes ont déjà marqué leur intérêt sur le territoire des quatre communes et trois quartiers, et on estime à 600 le nombre de personnes qui se manifesteraient si une EBE était créée », complète Dalida Khachan, chargée de mission.
Problématiques communes
Côté Châtelleraudais, le chiffre serait de 120 équivalents temps plein, sans doute davantage. Plusieurs activités sont déjà actées. « Nous avons prévu la création d’une champignonnière, d’une « galerie du réemploi », d’une conserverie anti-gaspi de fruits, légumes, plantes sauvages et aromatiques, d’une micro-ferme... », énumère Delphine Plaud, coordinatrice du projet. A cela s’ajouteront plus ponctuellement « des services supplémentaires aux habitants, entreprises et collectivités ».
Le projet n’est pas encore aussi détaillé à Poitiers. Des activités de services à la personne, d’alimentation, de garage solidaire ont été évoquées. Pourtant, les mêmes problématiques se posent déjà : la localisation des antennes de la future EBE et son corollaire la mobilité, en particulier en zone rurale, mais aussi le management collectif, la formation, la montée en compétences, le financement...
« La mise en œuvre sur les dix premiers territoires démontre un effet très positif sur les bénéficiaires, tant au niveau professionnel que personnel. Il faut maintenant voir si on est capable de résoudre ces problématiques de mise en œuvre ou si ces défauts se révèlent plus structurels », analyse Olivier Bouba-Olga. L’économiste poitevin, membre du Comité scientifique d’évaluation, préconise de « garder l’objectif d’exhaustivité mais en se donnant le temps de l’atteindre, car parmi les 200 territoires candidats à la deuxième phase d’expérimentation, le niveau de maturité est variable. Le dispositif n’est pas la solution miracle au chômage de longue durée. Il faut s’interroger sur ses causes profondes dans certains territoires pour ensuite définir dans quels cas le TZCLD est la bonne solution. Ou pas. »