Aujourd'hui
Bien après le confinement, les personnes âgées restent isolées. Dans la Vienne, le CIF-SP a mené une étude. Entre les injonctions de rester à l’abri du virus et l’activité associative en berne, beaucoup ont perdu ce lien social qui les rendait heureuses. L’heure est venue de s’occuper des seniors.
Vous pensiez le confinement terminé, mais pour certains il perdure. Le phénomène est discret, presque insidieux. Une bonne partie des personnes âgées restent aujourd’hui isolées du monde extérieur. C’était déjà un problème avant l’apparition de la Covid-19. Mais la simple menace du virus oblige des centaines de gens à rester à la maison, pour leur bien, et les prive de liens sociaux indispensables. Le CIF-SP a joué un rôle précieux pour les seniors au plus fort de la crise. Récemment, les bénévoles de cette association spécialisée dans les services à la personne ont réalisé une enquête auprès d’une centaine de bénéficiaires. Rien de représentatif dans la méthode, mais suffisant pour dévoiler une tendance sur le propre ressenti de ces habitants de la Vienne, âgés entre 60 et 90 ans. Un tiers d’entre eux n’ont pas eu plus de contacts avec les amis et la famille que d’habitude. Désolant. Mais plus regrettable encore, un autre tiers a dû stopper ses sorties et rompre des liens existants. « Certains avaient nourri leur vie des activités proposées par les associations, mais celles-ci n’ont pas rouvert, note Colette Petitcorps, chargée de mission recherche et action au CIF-SP (lire en p. 10). D’ailleurs, la plupart des clubs de 3e âge garderont portes closes à la rentrée.
Perte d’autonomie
Autre conséquence, le manque d’activité physique a réduit les capacités des personnes âgées à se déplacer seules. « On a remarqué des pertes de poids im- portantes, moins de dynamisme chez certains, indique Gaëlle Périgaud-Morlat, directrice du Centre communal d’action sociale (CCAS) de Poitiers. Sans compter la lassitude de ces personnes qui trouvent le temps long et qui ont, en outre, souffert de la canicule cet été. » De quoi les faire basculer dans la perte totale d’autonomie. Pas très réjouissant d’autant qu’une étude a montré, début 2020, que la solitude augmentait le risque de mortalité de 29%. Le CCAS a été obligé d’alléger ses interventions avant les vacances, certains agents présentant des risques spécifiques d’infection.
Toutefois, l’organisme de soins à domicile assure avoir « ciblé les personnes les plus fragiles ». 330 seniors se sont inscrits sur la « liste Canicule » pour qu’on veille sur eux, contre 130 en 2019. Dans les deux Ehpad gérés par la structure, les consignes de visite restent lourdes, comme partout. Pas de plexiglas entre les pensionnaires et leur famille mais des horaires précis et des embrassades interdites. Ce qui ne laisse pas de chagriner les grands-parents.
Et le troisième tiers de bénéficiaires interrogés par le CIF-SP ? Les sondés ne se sentent pas plus isolés aujourd’hui qu’hier ! « Ils ont le soutien de la famille ou du voisinage. L’épicerie et la pharmacie ont créé des services de livraison à domicile gratuits qui leur ont facilité la vie... », commente Colette Petitcorps. La solidarité comme remède à l’isolement des « vieux », on n’a pas encore trouvé mieux.
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