Disparition de Tiphaine : trop de questions en suspens

Deux ans ont passé et le mystère reste entier autour de la disparition de la Poitevine Tiphaine Véron, le 29 juillet 2018 au Japon. Avec une pugnacité et un espoir intacts, sa famille cherche toujours des réponses.

Claire Brugier

Le7.info

Entre les mains de Damien Véron, le dossier est épais. Epais mais malheureusement toujours aussi opaque. La disparition de Tiphaine, le 29 juillet 2018 à Nikko, au Japon, reste douloureusement mystérieuse. Depuis deux ans, son frère et sa sœur Sybille, avec le soutien de leurs proches, remuent ciel et terre, au propre comme au figuré, pour comprendre ce qui a pu arriver à la jeune Poitevine de 36 ans. Ils se sont rendus à plusieurs reprises au Japon, ils ont exploré la rivière et ses abords avec une équipe de Moutain Medic Events (mai 2019), ils ont passé au crible le secteur proche de l’hôtel avec des chiens de Japon Rescue Dog (août 2019), ils ont réclamé le dossier de l’enquête menée par les autorités japonaises, récupéré par eux-mêmes des informations de téléphonie mo- bile, de pluviométrie, organisé des marches à Poitiers et Nikko, interpellé publiquement le Pré- sident de la République... Les médias français et japonais ont relayé l’affaire et, fin juillet, l’humoriste Elie Semoun, comme l’international de rugby Guilhem Guirado avant lui, a lancé un appel sur les réseaux sociaux. Malgré cette mobilisation, les questions demeurent avec, les mois passant, la crainte que l’information judiciaire pour enlèvement et séquestration, ouverte par le Parquet de Poitiers en septembre 2018, rejoigne les affaires non élucidées. Un cold case parmi les autres.

« Ce n’est pas un dossier pénal classique »

« Nous sommes arrivés dans une impasse, déplore Damien Véron, nous devons passer à une autre dimension pour être entendus. » La famille a donc sollicité le cabinet de Me Eric Dupond-Moretti, peu avant qu’il soit nommé ministre de la Justice, et pris contact avec son associé Me Antoine Vey. L’avocat parisien s’est substitué à sa consœur du barreau de Poitiers, Me Emmanuelle Bernard. La pugnacité des proches de Tiphaine Véron a convaincu Me Vey. « Ils ont une position rationnelle, ils sont arrivés en présentant des points précis restés sans réponse. Ce n’est pas un dossier pénal classique. »

A force de se battre, parfois contre des moulins à vent, Damien Véron ne cache pas sa défiance vis-à-vis des investigateurs japonais. « Leur dossier d’enquête, dont la traduction a pris plusieurs mois, est quasiment vide. Il y a plein de zones d’ombre dans les procès verbaux, on a l’impression que rien n’a été fait. » Me Vey est plus nuancé. « Nous n’avons pas le dossier japonais traduit dans son intégralité. Résultat : nous avons l’image d’un puzzle déjà incomplet au Japon. Néanmoins des vérifications n’ont curieusement pas été effectuées. Par exemple, des témoins du jour n’ont pas été entendus... » Damien et Sybille avaient prévu un nouveau voyage au Japon en avril, puis en septembre. La crise du Covid-19 les en a dissuadés... momentanément. Ils repartiront dès que la situation sanitaire le permettra « pour essayer de   rencontrer des avocats japonais et mener des investigations autour du lac Chuzenji. Dans un premier temps, la police nous a dit qu’il était impossible que Tiphaine ait pu s’y rendre mais, après vérification, il y avait bien des navettes et elle l’avait noté dans son projet de voyage. Il semblerait aussi qu’un faux guide ait agressé des femmes dans le secteur à cette période... »

A défaut de pouvoir aller au Japon, Damien Véron a mis à profit le confinement pour écrire le récit de ces eux années de recherche, entre espoirs et déceptions toujours plus éprouvantes. Reste à trouver un éditeur.

Une cagnotte de soutien est toujours en ligne sur www.unispourtiphaine.org.

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