Aujourd'hui
A 30 ans, Léonore Moncond’huy vient de mettre un terme à plus de quarante ans d’hégémonie socialiste à Poitiers. La nouvelle maire de la ville est conseillère régionale depuis 2015. Elle co-préside le groupe Europe Ecologie-Les Verts.
Avec 42,83% des voix au second tour des Municipales, elle a remporté une victoire éclatante face à Alain Claeys. Dès 19h dimanche soir, dans l’intimité de son bureau, le maire sortant de Poitiers a très vite reconnu sa défaite. Quelques minutes plus tard, Léonore Moncond’huy était informée de la sortie médiatique de son concurrent. Heureuse... et presque incrédule ! « Nous avons réveillé Poitiers et Poitiers n’est pas près de se rendormir, clame la nouvelle élue. Nous avons su créer une dynamique qui va se poursuivre dès demain aux responsabilités. » A l’issue d’une très longue campagne, Poitiers Collectif a donc réussi son pari : fédérer les forces de gauche (EELV, PCF, et les électeurs autour d’une jeune femme de 30 ans, encore inconnue du grand public il y a quelques mois.
« Dans l’héritage légué »
La « scout écolo », comme l’a surnommé L’Obs, a donc détrôné le « baron socialiste » (L’Obs toujours) sans coup férir. Malgré les derniers coups de griffe en forme de polémiques (subvention au Tap, politique sportive, accointances avec le NPA...). Malgré aussi quelques approximations sur des points concrets de son programme, à commencer par la présidence de Grand Poitiers. Léonore Moncond’huy a encaissé sans broncher, le cuir déjà tanné. Et ne se montre même pas rancunière. « Depuis le début, nous ne nous positionnons pas en opposition du travail de la majorité sortante. Poitiers Collectif s’inscrit dans l’héritage qui nous est légué. Ces politiques allaient pour beaucoup dans le bon sens, nous irons plus loin sur des sujets comme la démocratie, la justice sociale, l’écologie… »
Très engagée
Crise sanitaire oblige, la nouvelle maire de Poitiers sera très vite plongée dans le bain de la réalité. L’ex-étudiante de Sciences Po, titulaire d’un double master d’affaires publiques et de coopération internationale en éducation et formation, a fait de l’engagement un puissant moteur. Sur la question de la transition écologique, au conseil communal des jeunes, à l’université ou encore, récemment, auprès des anti-racistes. Dans la rue ou dans un hémicycle, l’ancien binôme de Jean-François Macaire aux Régionales de 2015 devra désormais composer avec une majorité hétéroclite. En rupture avec la gouvernance passée mais dans une forme de continuité qu’elle assume. La voilà en première ligne.
Claeys sonné, Brottier résilient
Il s’attendait forcément à une autre sortie. Alain Claeys a donc achevé sa carrière politique municipale sur une défaite. Le maire sortant (35,60%) ne pense « pas avoir commis d’erreur » dans cette campagne. C’est ce qu’il a dit à ses soutiens aux salons de Blossac. Il laissera à ses colistiers le soin de porter la contradiction à la nouvelle majorité. Avec neuf sièges, la liste « Poitiers, l’avenir s’écrit à taille humaine » partagera les bancs de l’opposition avec Anthony Brottier (LREM, 21,56%), le troisième homme de ce second tour des Municipales 2020. Lequel veut incarner le rôle de contempteur numéro 1 avec ses cinq colistiers : « On sera toujours constructifs, mais on veillera à ce que personne ne soit laissé sur le chemin. Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de débat sur qui va représenter l’opposition à Poitiers. »
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